La Nuit ravagée - Jean-Baptiste Del Amo

Milieu des années 90, Saint-Auch (une petite ville résidentielle non loin de Toulouse) , entre les lotissements des Acacias et des Genêts. Alex, Max, Mehdi et Tom sont quatre copains d'enfance auxquels vient de s'adjoindre Léna, qui arrive de Montauban. Les cinq vivent la vie des lycéens de l'époque, et même si Léna, nouvelle venue, est à la fois plus proche de Mehdi que des trois autres et de surcroît une fille, la bande s'entend bien et partage à peu près tout. Ils traînent leurs espérances – qui à défaut d'être grandes ont au moins le mérite d'exister – entre les pavillons de leurs parents, le lycée Melville, et les serres désaffectées dont ils ont fait leur base. Une vie sans originalité ni aspérité, c'est ce qui caractérise le quotidien des cinq amis, de leurs familles et de leur voisinage. Mais à Saint-Auch, un lycéen est mort récemment dans des conditions qu'on dit étranges, et il y a, aux Genêts, cette maison abandonnée au bout de l’impasse des O...

Bloody frogs


Je viens de passer un moment délicieux. Ce fut bref mais intense.
J'ai reçu ce matin le nouvel exemplaire de "Warren Ellis Crécy" que j'avais jeté à la poubelle par inadvertance, signant ainsi ma filiation cachée avec Nébal. Je me suis donc jeté dessus avec avidité, profitant de la journée libre que m'octroyait ma protestation contre la politique gouvernementale dans l'Education Nationale.
Il faut (j'ordonne) que tous les anglophones passent commande d'urgence. Le comic raconte la bataille de Crécy et son contexte par la bouche d'un archer anglais (l'un de ces "démons qui ont taillé en pièce la fine fleur de la chevalerie française"). C'est un superbe cours d'histoire qui change agréablement de la version épinalisée que nous avons tous appris à l'école (enfin, les pas trop jeunes) : les archers anglais, sous la pluie, exterminant la quasi totalité des chevaliers français, avec enluminures, salades et miséricordes (Caceres se paie le luxe d'inclure quelques-unes de ces images d'Epinal dans le strip). Plus de guerre courtoise, la fin se met à primer sur les moyens. Deuxième rupture, l'armée professionnelle du roi de France est vaincue par une armée "populaire". La trouvaille géniale de Warren Ellis est de faire raconter la bataille par un archer anglais méchant, xénophobe, odieux. Voici comment il commence son récit : "This is a story about the english and the french and why the english hate the french. Which is because they smell bad, they eat frogs, and they're twenty-five miles away". C'est d'autant plus savoureux quand le lecteur est français et que toute cette détestation lui est directement adressée. Rassurons quand même ! Il déteste aussi les gallois, les écossais, les anglo-normands, etc... Il nous explique également comment en anglais "cunt" est presque un signe de ponctuation. Je vous laisse découvrir le reste.
Le récit est très détaillé et historiquement exact. Le second degrè et l'humour pince sans rire sont permanents. Les graphismes au trait sont magnifiques et le mot est faible. Quand au prix, avec la chute du dollar il est tellement bas qu'il s'apparente plus à une participation aux frais.
Il en reste un en stock sur Amazon pour ceux qui ne voudraient pas attendre.
Warren Ellis Crécy, Ellis et Caceres

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