Descente - Iain Banks in Bifrost 114

Dans le Bifrost 114 , on trouve un édito dans lequel Olivier Girard – aka THE BOSS – rappelle que, en SF comme ailleurs, un part et un autre arrive. Nécrologies et anniversaires mêlés. Il y rappelle fort justement et pour notre plus grand plaisir que, vainquant le criminel effet de génération, Michael Moorcock et Big Bob Silverberg – les Iguanes de l’Imaginaire – tiennent toujours la rampe. Long live Mike and Bob !! Suivent les rubriques habituelles organisées en actualité et dossier : nouvelles, cahier critique, interview, biographie, analyses, bibliographie exhaustive, philofiction en lieu et place de scientifiction (Roland Lehoucq cédant sa place à Alice Carabédian) . C'est de Iain Banks qu'il est question dans le dossier de ce numéro, on y apprendra que la Culture n’est pas seulement « ce qui reste quand on a tout oublié ». Dans le Bifrost 114 on pourra lire une jolie nouvelle de Iain Banks, intitulée Descente et située dans l’univers de la Culture (il y a des Orbitales)

Hommage posthume


Les lecteurs attentifs de ce blog savent que je suis fasciné par la guerre de 14, comme le lapin par le serpent qui va le dévorer. Aux nombreux témoignages d'époque, certains de grande qualité, viennent progressivement s'ajouter des éléments historiques sur un volet longtemps méconnu, la folie des soldats.
"Vies tranchées", au titre excellemment illustré par une couverture sur laquelle on peut voir que, même rentrés, ils sont toujours là-bas, vient aujourd'hui combler ce vide de fort belle manière. Cet album, publié chez Delcourt qu'on peut remercier pour ça, est la mise en image des travaux d'Hubert Bieser. Avec six chercheurs en histoire de Paris XII, ce directeur d'une "école de cadres infirmiers en psychiatrie" a exhumé des archives des histoires oubliées, celles des poilus rendus fous par la guerre, mais aussi celles des malheureux qui y étaient envoyé en dépit de leur folie, quand la machine infernale eut besoin de chair fraiche et que la loi Dalbiez se chargeât de la lui fournir.
"Vies tranchées" raconte l'histoire de 14 de ces hommes que l'Histoire, après l'administration française, avait largement oubliés. Sinistre parfois, absurde souvent, tragique toujours. Considérés comme fous dans le meilleur des cas, car sinon suspectés de simulation, lâcheté, anarchisme, ils étaient envoyés dans des asiles où le traitement des affections mentales en étaient à ses balbutiements. Contention, brimades, vols, violence, sont le quotidien de ces victimes que le pays ne veut pas connaitre. Ils sont peu et mal soignés, renvoyés parfois au front, éventuellement démobilisés. S'ils meurent, pas de pension ni d'inscription sur le monument aux morts, dans la majorité des cas. Quant à la famille de ces mauvais français, elle subit l'opprobre.
Bieser, Morvan, Le Gall, et les autres rendent nom et visage à Emile, Jean-Marie, Baptistin, Gabriel, Louis, Joseph, Augustin, Maxime, Georges, Edmond, Jean, Paul, Georges, Sidibé. Ils leur rendent aussi un dernier hommage à la fin de l'album, sous la forme d'une très émouvante galerie de portraits où ce qu'on sait de leur parcours subséquent est indiqué. Un monument aux morts personnels pour ces oubliés ; leur souffrance le mérite.
Les différents graphistes qui mettent en image les 13 récits individuels plus un long fil rouge (l'histoire d'Emile P. qui traverse toute la guerre) créent un objet visuellement hétéroclite. Autour de l'histoire d'Emile P., superbe composition en aquarelle presque sans encrage, sont piqués de vénéneux pétales, chacun dans un style qui évoque la folie des protagonistes. Il est rare que j'aime tous les styles dans un ouvrage collectif, c'est le cas ici à deux exceptions près.
Vies tranchées, sous la direction de Morvan, Le Gall, Bieser, et al.

Commentaires

Unknown a dit…
N'est ce tout de même pas un peu trop "c'est pas ma guerre" ?
Gromovar a dit…
Que veux-tu dire ?