La Nuit ravagée - Jean-Baptiste Del Amo

Milieu des années 90, Saint-Auch (une petite ville résidentielle non loin de Toulouse) , entre les lotissements des Acacias et des Genêts. Alex, Max, Mehdi et Tom sont quatre copains d'enfance auxquels vient de s'adjoindre Léna, qui arrive de Montauban. Les cinq vivent la vie des lycéens de l'époque, et même si Léna, nouvelle venue, est à la fois plus proche de Mehdi que des trois autres et de surcroît une fille, la bande s'entend bien et partage à peu près tout. Ils traînent leurs espérances – qui à défaut d'être grandes ont au moins le mérite d'exister – entre les pavillons de leurs parents, le lycée Melville, et les serres désaffectées dont ils ont fait leur base. Une vie sans originalité ni aspérité, c'est ce qui caractérise le quotidien des cinq amis, de leurs familles et de leur voisinage. Mais à Saint-Auch, un lycéen est mort récemment dans des conditions qu'on dit étranges, et il y a, aux Genêts, cette maison abandonnée au bout de l’impasse des O...

I've got you under my skin



"Skin Trade" est une novella de George RR Martin (publiée par ActuSF), lauréate du World Fantasy Award 1989, et elle est plutôt réussie. Martin y mêle avec bonheur une histoire dans la tradition du polar noir à un récit de loups-garous.
"Skin Trade" prend place dans une ville américaine en déliquescence. On comprend que son passé industriel, fondée sur les mines et les forges, a vécu. Reste les souvenirs d’une prospérité enfuie ; ça pourrait être Détroit, en plus petit. Une série de meurtres atroces, à laquelle s’intéressent, pour des motifs moins clairs qu’il n’y paraît, un spécialiste du recouvrement de créances et une détective privée, met au jour pour le lecteur les secrets séculaires de la ville, et ramène à la surface une vieille affaire criminelle trop vite enterrée.
Martin utilise de manière fort juste les codes du noir. Deux « privés », deux flics dont un seulement a survécu à une sale affaire, une administration corrompue, et une ville sous la coupe de ce qui ressemble le plus à une aristocratie aux USA : les vieilles familles Upper/Upper Class de la classification de Warner, c’est à dire les familles pouvant justifier d’une antériorité, d’une présence longue et ininterrompue en un lieu, idéalement les descendants des fondateurs du lieu. Fortune, prestige, pouvoir se mêlent dans cette classe dont on peut comprendre l’influence quand on sait le culte que les Américains vouent aux Founding Fathers.
Ca pourrait être Chinatown, mais il y a des loups-garous et ça change tout. Les modes opératoires ainsi que les mobiles des meurtres sont liés à la nature fantastique des victimes et des meurtriers, et même si le lecteur croit comprendre à peu près ce qui se passe, il devra faire face à des rebondissements qui remettent en cause la compréhension qu’il croit avoir de l’affaire (page 134 entre autres). Et, étonnamment, ça fonctionne. Les loups-garous sont une faction secrète qui protège ses intérêts mais qui n’est pas monolithique. Il n’y a pas de complot lycanthrope, ni de réunions récurrentes, ni d’objectifs communs si ce n’est la discrétion et la survie. Martin met dans la bouche de son loup-garou quelques répliques exaspérées qui affirment et démontrent l’individualité de chaque lycanthrope, des répliques que pourraient méditer ceux qui pensent les communautés comme des blocs.
Enquête, mystère, action, rythme échevelé (n’ayons peur de rien), personnages intéressants, "Skin Trade" est d’une lecture très agréable, et rappelle en ramassé les réflexions sur la nature des communautés et leur coexistence brillamment développées dans Riverdream. Au bout de l'intrigue, la novella se termine enfin par une chute ironique et futée. Pour ma part, je suis preneur du tout.
Skin Trade, George RR Martin

Commentaires

Efelle a dit…
J'ai compris ce qu'il me reste à faire : des économies !
Guillmot a dit…
Bientôt in the pocket.