La Cité des marches - Robert Jackson Bennett

Bulikov, la capitale du Continent. Autrefois une ville grande et puissante, le centre du monde. Aujourd’hui une ville conquise, en partie détruite. Rome après Alaric. Kind of. Dans le monde de La Cité des marches , dernier roman traduit en français de Robert Jackson Bennett et premier volume de le trilogie des Cités divines , il y a le Continent et le reste – ce centre-périphérie théorisé au XIV siècle par le grand historien arabe Ibn Khaldoun . Et, comme dans l’analyse de ce dernier, la périphérie a fini par conquérir le centre, en l’occurrence le Continent ; rien d’étonnant, ce n’est qu’à la périphérie que résident la force et la détermination nécessaires à la guerre. Concrètement, c’est une révolte conduite avec succès il y a plusieurs décennies par le Kaj qui a abattu l’empire continental et ses dieux. La chute des uns entrainant celle de l'autre. Car tu dois le savoir, lecteur, le pouvoir sans égal du Continent était le fruit des « miracles » de ses six dieux, incarnés dans le

Ira Dei - L'or des caïds - Brugeas et Toulhoat

Sicile, 1040 AD. L'armée de l'empereur de Constantinople tente de reprendre l'île aux Musulmans qui la contrôlent depuis 948 – on nommera ici armée l'assemblage hétéroclite de mercenaires d'origines diverses placés sous le commandement du Stratège Maniakès. Varègues, Normands, Grecs, Turkmènes, Lombards, entre autres, tentent en vain de forcer les portes de Syracuse. Sur leurs arrières, la ville de Taormine – toujours entre les mains musulmanes – est une épine stratégique qui ne peut subsister. D'autant que l'or des caïds – l'immense trésor des chefs de guerre locaux – y est caché, et que celui-ci permettrait à Maniakès de conforter son pouvoir en recrutant de nouveaux mercenaires. Mais ni l'un ni l'autre des sièges n'est fructueux. Pour Maniakès et ses troupes, la situation est désespérément bloquée. Le Stratège ne veut plus attendre, Taormine doit être prise d'urgence.

Et voici qu'arrive, non loin de la ville fortifiée, un mystérieux guerrier balafré qui dit s'appeler Tancrède. A la tête d'un vingtaine de combattants, accompagné d'Etienne, un légat papal, Tancrède met ses hommes et ses armes au service d'Harald, le lieutenant local de Maniakès. Intelligent et audacieux, Tancrède gagne vite la confiance d’Harald, jusqu'à lui proposer de prendre la ville pour lui en trois jours en échange de la totalité du butin. Sous la pression constante des délais qu'impose Maniakès, Harald accepte, à contrecœur. Il ignore que Tancrède a un agenda caché.

Avec "Ira Dei", Brugeas et Toulhoat reviennent au Moyen-Age, mais sous un angle moins souvent traité en BD (pour la période on peut voir le Northlanders de Brian Wood). Ils donnent vie à un personnage larger than life, fort comme Conan, élégant (prince mercenaire) comme Elric, rusé comme Ulysse, dont on ne peut que supputer la véritable identité ou le devenir possible.
Qui est vraiment Tancrède ? Que veut-il ? Quel rôle joue dans l'affaire le légat Etienne ?

"Ira Dei" est une histoire de trahison, de vilenie, de vengeance, et de reconquête. Elle prend place en Sicile, terre prise et reprise, encore et encore, et encore une fois ici si Tancrède obtient satisfaction.
C'est aussi une énorme aventure pleine de bruit et de fureur, magnifiée par les dessins et les couleurs de Toulhoat qui subliment les paysages siciliens ou rendent les batailles si dynamiques qu'elles semblent prendre vie sous les yeux du lecteur. Qu'on attaque une ville à l'aide d'une nuée de corbeaux enflammés, qu'une tour d'assaut s'effondre en flammes, qu'une troupe enragée pénètre en courant le long de rues conquises, ou qu'une épée s'abatte sur un agonisant, le dessin époustoufle, et l’œil est captivé par la lumière rouge qui émane des brasiers et colore le monde de la couleur du sang.

Passées les premières pages où le soleil méditerranéen déconcerte tant il change de la noirceur toute parisienne du Roy des Ribauds, l'histoire prend le dessus puis les qualités graphiques deviennent évidentes. C'est donc un bien bel album qu'on dévore, à la fin duquel, ville prise et trésor empoché, Tancrède part accomplir le reste de sa destinée. Il faudra attendre le tome 2 pour savoir ce qu'il en est.

Ira Dei, L'or des caïds, Brugeas, Toulhoat

Commentaires

Efelle a dit…
Pour l'identité ne serait pas plutôt un Roger 1er de Sicile, fils de Tancrède de Hauteville, à qui succèderont de nombreux Tancrède dont un participant de la Première Croisade ?
Bref, je suis intéressé.
Gromovar a dit…
Les dates ne collent pas, ça ne marche qu'avec Robert de Normandie. Et une ligne de dialogue le laisse supposer.
Baroona a dit…
Oh, ça donne envie !
Et si je comprends bien, ce tome a une mini-fin à lui, pas de cliffhanger direct sur le tome 2 ?
Gromovar a dit…
Le problème de ce tome est réglé à la fin. Mais il y a clairement des choses qui restent à révéler concernant les personnages.