La Cité des marches - Robert Jackson Bennett

Bulikov, la capitale du Continent. Autrefois une ville grande et puissante, le centre du monde. Aujourd’hui une ville conquise, en partie détruite. Rome après Alaric. Kind of. Dans le monde de La Cité des marches , dernier roman traduit en français de Robert Jackson Bennett et premier volume de le trilogie des Cités divines , il y a le Continent et le reste – ce centre-périphérie théorisé au XIV siècle par le grand historien arabe Ibn Khaldoun . Et, comme dans l’analyse de ce dernier, la périphérie a fini par conquérir le centre, en l’occurrence le Continent ; rien d’étonnant, ce n’est qu’à la périphérie que résident la force et la détermination nécessaires à la guerre. Concrètement, c’est une révolte conduite avec succès il y a plusieurs décennies par le Kaj qui a abattu l’empire continental et ses dieux. La chute des uns entrainant celle de l'autre. Car tu dois le savoir, lecteur, le pouvoir sans égal du Continent était le fruit des « miracles » de ses six dieux, incarnés dans le

How to stop time - Matt Haig - Pour ma grand-mère


Comment ai-je pu me retrouver à lire ce livre ? C'est une question bien plus ardue que celle que pose son titre : "How to stop time".
La couverture aurait dû me mettre la puce à l'oreille mais, à ma décharge, j'ai commandé sans la voir.

Bon, alors, allons-y. Mais ce sera bref.

Dans le monde d'aujourd'hui, Tom Hazard ressemble à un humain ordinaire. Mais il ne l'est pas. Car Tom Hazard est né en 1581. Fils d'un petit noble huguenot français, Tom a dû, après la mort de son père, fuir la France avec sa mère pour échapper aux persécutions religieuses. Réfugiés dans un village anglais, les deux mènent une vie modeste. Mais voilà qu'arrive la puberté de Tom et celui-ci cesse de vieillir (pour être exact, il vieillit 15 fois moins vite qu'un humain normal, ce qui, à court terme, ne se voit pas). Quelques années passent, les rumeurs naissent et enflent. Survient la mort brutale d'un voisin qui « confirme » les suspicions des villageois. Un chasseur de sorcières est appelé de Londres. Tout bascule, et commence une vie de fuite et de dissimulation.

Perte de sa mère, rencontre puis mariage sans issue avec son grand amour Rose, perte de leur fille Marion, Tom bouge depuis des siècles pour ne pas être remarqué, empêché par sa malédiction de se créer une vie normale.
L'enfer c'est les autres, Tom le sait comme personne. Seul, toujours en danger, régulièrement suicidaire, Tom n'a survécu que pour respecter le serment fait à sa mère et dans l'espoir un peu fou de retrouver sa fille perdue.
A la fin du XIXème siècle, il devient membre d'une organisation secrète paranoïaque qui prend soin des Albas (les longues vies – les normaux comme nous sont les mayflies) en échange de missions à remplir et de règles à respecter parmi lesquelles : changer de vie tous les huit ans et ne jamais s'impliquer amoureusement avec quiconque. L'organisation vient de l’affecter, à sa demande, à Londres, la ville de sa jeunesse et de son grand amour.

"How to stop time" fait alterner, dans une succession de courts chapitres, le Tom présent, qui essaie d'avoir une vie presque normale comme prof d'histoire à Londres, où il connut et aima Rose et où tout la lui rappelle, et le Tom passé dont on découvre la vie tumultueuse. Jugez-en. Qui peut se vanter d'avoir connu Shakespeare, James Cook, le polynésien Omai, ou pris un verre avec Scott Fitzgerald ? Gagné, c'est Tom Hazard. Ca paraît génial mais Tom est malheureux. Malheureux car trop de souvenirs lui donnent des migraines, malheureux car il ne s'est jamais remis de la mort de Rose et de la perte de Marion, malheureux car il lui semble que sa vie n'a aucun sens et qu'il se croit obligé d'éloigner de lui, pour la protéger, cette Camille qu'il vient de rencontrer et qu'il ne peut s'empêcher d'aimer.

Au fil des pages, on apprendra tous les détails de la vie et des amours tragiques de Tom, et on le verra, dans le présent, construire une relation avec Camille et s’émanciper de son organisation secrète. Jusqu'à une double happy end qui nous ravit tant nous étions inquiets pour ce pauvre Tom.

Voilà le gros du truc. Alors si vous aimez les histoires très romantiques avec un bel amour perdu, une grande tristesse, et une promesse d'amour naissant, si les coïncidences vous semblent un moyen légitime de faire avancer un récit, si l'imprécision historique vous indiffère, si les constructions simplissimes ne vous consternent pas, si un style littéraire parfaitement insignifiant ne vous dérange pas, si vous aimez lire des vérités premières aussi profondes que des blagues Carambar sur la vie, l'amour, la mort, si, enfin, vous ne craignez pas que trop de sucre scriptural vous rende diabétique, ce livre est fait pour vous. Je le tiens à votre disposition contre une adresse postale.

PS : La réponse à la question How to stop time, si j'ai bien compris, c'est : ne plus se prendre le chou, vivre, aimer (se reproduire aussi).
PPS : Adaptation ciné en 2019 avec Benedict Cumberbatch, j'en salive d'avance.
PPS : L'amour perdu de Tom s'appellait Rose, celle de Connor MacLeod Heather, une plante aussi.

How to stop time, Matt Haig

Commentaires

Lhisbei a dit…
Benedict, Benedict, Benedict !
Gromovar a dit…
Je savais que tu réagirais.
Systia a dit…
L'idée de départ aurait pu faire un truc super intéressant sans (à mon goût) :
- l'histoire d'amour avec Camille (l'homme au cœur brisé qui retrouve foi en la vie mais doit se retenir car une malédiction pèse sur sa tête, bof
- la confrérie secrète (j'sais pas, ça me fait penser à une dystopie YA, le côté "castes")

Bref, j'aurais bien vu un récit sur la mélancolie et la solitude de Tom (un poil "Je suis une légende"), sa difficulté à traverser les siècles, tout ça... Mais c'est vrai que pour le coup la couverture donne le ton ^^
Gromovar a dit…
Il y manque toute l'élégance d'une livre comme Entretien avec un vampire par exemple.