Descente - Iain Banks in Bifrost 114

Dans le Bifrost 114 , on trouve un édito dans lequel Olivier Girard – aka THE BOSS – rappelle que, en SF comme ailleurs, un part et un autre arrive. Nécrologies et anniversaires mêlés. Il y rappelle fort justement et pour notre plus grand plaisir que, vainquant le criminel effet de génération, Michael Moorcock et Big Bob Silverberg – les Iguanes de l’Imaginaire – tiennent toujours la rampe. Long live Mike and Bob !! Suivent les rubriques habituelles organisées en actualité et dossier : nouvelles, cahier critique, interview, biographie, analyses, bibliographie exhaustive, philofiction en lieu et place de scientifiction (Roland Lehoucq cédant sa place à Alice Carabédian) . C'est de Iain Banks qu'il est question dans le dossier de ce numéro, on y apprendra que la Culture n’est pas seulement « ce qui reste quand on a tout oublié ». Dans le Bifrost 114 on pourra lire une jolie nouvelle de Iain Banks, intitulée Descente et située dans l’univers de la Culture (il y a des Orbitales)

L'Arabe du futur 3 - Riad Sattouf - Goutte d'eau et vase


Suite des aventures syriennes du petit Riad. On se reportera à la chronique précédente pour le contexte.
Riad et ses parents vivent toujours en Syrie, toujours dans le petit village familial. Mais on est entre 85 et 87, Riad grandit, il commence à voir le (son) monde de façon plus critique.

Très bon élève à l'école, Riad évite les punitions violentes du maître mais s'attire par là-même l'inimitié des autres élèves. Il est, en revanche, une grande source de fierté pour son père qui lui tient un discours de motivation bien peu charitable envers les pauvres en esprit qui l'entourent à l'école.
Féru de films étrangers achetés en VHS importés, Riad découvre le post-apo et Conan le Barbare. Il rêve de Goldorak et croit à la souris des dents, ainsi qu'au Père Noèl qu'il tente d'expliquer à ses petits cousins. Mais son prépuce non circoncis les plonge tous dans des abîmes de perplexité : et s'il était juif, au moins par sa mère ? Chacun sait bien que seuls les bons musulmans sont circoncis et qu'un prépuce intact signale le Juif.
Élevé sans religion (même si le discours religieux est omniprésent), il pointe l'hypocrisie des croyants mais voudrait essayer le ramadan pour faire comme les autres. Pour complaire aussi à son père qui vient de s'y mettre.
Le petit Riad connaît de plus un terrible secret  : les frères de son père détruisent par jalousie les cultures de son verger ; la « richesse » attendue de la récolte n'arrivera donc jamais.

Ce pauvre père, Abdel-Razak, est toujours aussi attachant, dans sa faiblesse et en raison de celle-ci justement. Déchiré entre deux cultures, poursuivant un rêve dont la réalité lui dit quotidiennement l'inanité, il s’accroche à ses espoirs de vie meilleure, de relations utiles, de promotion à venir. Si le pays, pauvre, bigot, et corrompu, ne l'aide guère à croire, son entourage non plus. Entre sa mère qui lui reproche de la condamner à l'enfer en raison de sa trop faible piété, sa sœur qui l'enjoint à rentrer en France avec sa famille pour y trouver une vie meilleure, et sa femme qui supporte de moins en moins la vie somme toute bien chiche qui est la sienne en Syrie, Abdel-Razak, qui n'est pas religieux, retourne, progressivement autant qu'à reculons, vers sa socialisation première. Il sait pourtant qu'il ne sera plus jamais le jeune Syrien de son enfance et que même cet espoir de retour aux sources est voué à l'échec. La contre acculturation est rude, elle lui fait dire beaucoup de bêtises (sur l'Arabie Saoudite comme paradis dollarisé où les croyants sont servis par des esclaves) et lui fait vivre difficilement les rapports qu'il entretient avec une compagne, Clémentine, qu'il voudrait dominer pour être un vrai mâle syrien et une mère qui lui pourrit la vie de reproches continuels. Abdel-Razak se débat au fond d'un trou qu'il a creusé lui-même ; il n'en suscite pas moins la compassion.

Et voilà que Clémentine est de nouveau enceinte, et qu'elle le vit comme une catastrophe dans une vie qu'elle n'aime plus du tout.
Riad et son petit frère ne sont pas bien gras, ils sont souvent malades, et pour leur mère, c'en est assez. Pour ses grands-parents maternels aussi d'ailleurs. C'est clair, l'enfant à naître devrait vivre avec le reste de la famille en France, loin des pénuries et de l'inconfort syriens.
Ce projet vague devient une décision ferme après la circoncision de Riad et de ses deux frères ; pour Clémentine c'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase. Hélas, lorsqu'elle exige de quitter la Syrie, Abdel-Razak commence bien par lui dire qu'il est d'accord et qu'il ne supporte plus non plus le pays, mais, patatras, il poursuit en annonçant qu'il vient d'être recruté par l'université de Riyad et que la famille va aller s'installer en Arabie Saoudite (dans le paradis des croyants servis par des esclaves, je le rappelle).

J'attends la suite avec impatience.

L'Arabe du futur 3, Riad Sattouf

Commentaires

tadloiducine a dit…
Apparemment vous n'avez jamais eu envie de chroniquer les tomes suivants (lus finalement, ou non?).
Pour ma part, je me suis avalé les cinq disponibles "à la suite" (le tome 6 et dernier, paru fin 2022, est emprunté quasi en permanence en bibliothèque!).
La situation "familiale" se dégrade de plus en plus dans les tomes 4 et 5, et la touche d'espoir que le titre de la série annonçais devient de plus en plus mince pour tendre à l'inexistant... J'attends vraiment de lire le tome 6 pour connaître la fin de l'histoire!
Peut-être que la suite en sera "Le jeune acteur"?
(s) ta d loi du cine, "squatter" chez dasola