La Cité des marches - Robert Jackson Bennett

Bulikov, la capitale du Continent. Autrefois une ville grande et puissante, le centre du monde. Aujourd’hui une ville conquise, en partie détruite. Rome après Alaric. Kind of. Dans le monde de La Cité des marches , dernier roman traduit en français de Robert Jackson Bennett et premier volume de le trilogie des Cités divines , il y a le Continent et le reste – ce centre-périphérie théorisé au XIV siècle par le grand historien arabe Ibn Khaldoun . Et, comme dans l’analyse de ce dernier, la périphérie a fini par conquérir le centre, en l’occurrence le Continent ; rien d’étonnant, ce n’est qu’à la périphérie que résident la force et la détermination nécessaires à la guerre. Concrètement, c’est une révolte conduite avec succès il y a plusieurs décennies par le Kaj qui a abattu l’empire continental et ses dieux. La chute des uns entrainant celle de l'autre. Car tu dois le savoir, lecteur, le pouvoir sans égal du Continent était le fruit des « miracles » de ses six dieux, incarnés dans le

The Warren - Brian Evenson - Et Schopenhauer sont dans un bateau


Sur Terre, peut-être, mais si oui, où ? Dans longtemps, sans doute, mais quand ? Après une apocalypse, on dirait, mais rien n’est sûr.

X – il n’a pas d’autre nom – se réveille/s’active dans le Warren – le Complexe/Dédale. Il est le dernier de son espèce. Seule compagnie, un ordinateur en train de rendre l’âme et qui ne l’aide guère.

X veut comprendre s’il peut survivre, si ceux qui l’ont précédé et dont il a le souvenir sont encore vivants, s’il peut trouver le nécessaire surtout pour en produire d’autres comme lui. Pour poursuivre. Poursuivre quoi ? A part la Vie elle-même, on ne voit guère quoi. Espérer aussi, peut-être, de pouvoir vivre – un jour – à l’extérieur, de pouvoir vivre plus donc. Car aujourd'hui l’extérieur est toxique, on ne peut y déambuler qu’en scaphandre et pour peu de temps. C’est pour cela sans doute qu’il veut tellement savoir si ceux qui l’ont précédé sont sortis et s’ils sont revenus.

X sort. Dans le danger. Il cherche. Il en trouve un autre. Plus ancien. Blessé. Semblable à lui mais différent aussi. D’une espèce proche mais pas techniquement la même. L’Autre parle. Ils se confrontent. D’un côté l’Autre. De l’autre, X.
Mais qui est X ? Réceptacle des personnalités de ceux auxquels il a succédé, X n’est même pas sûr de son identité. Quand au lecteur, il n'est même pas sûr qu'existe une chose qu'on puisse appeler l'Identité de X. Qui est acteur quand X agit sur le monde ? Un corps physique, une personnalité, une autre ? Laquelle est la bonne ? Y en a-t-il une de bonne ? Et quel bût poursuit l’inconnaissable X ? Perpétuer la vie, peut-être, sans bût second.

"The Warren" est un texte de questions plus que de réponses. De la vie, du danger, de l'ignorance, des questions, de la volonté de perpétuer la vie. Si on résume : de la Vie et rien d'autre.
Dans un style précis comme un laser, Evenson introduit monde et situation en quelques mots, quelques lignes de dialogue, qui montrent au lecteur sans s’adresser à lui. Il questionne aussi, son personnage comme son lecteur. C’est très finement fait. C’est glacé aussi.

"The Warren", c’est Le Monde comme Volonté et comme Représentation en novella futuriste.
« Un désir de vie aveugle et sans but » : la Volonté qui anime X.
La compréhension qu’a X de son monde et de l’histoire qui l’a conduit là, la compréhension qu’a le lecteur de X, de son monde, de l’histoire qui l’a conduit là, soumises à la Représentation, jamais connues directement ni de façon certaine.
La Chose en Soi nous est aussi inaccessible qu’à X. Devant le voile de la Représentation ne s’exprime de manière claire que la Volonté, aussi absurde que la danse d’Azatoth au centre de l’Univers.

The Warren, Brian Evenson

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