La Cité des marches - Robert Jackson Bennett

Bulikov, la capitale du Continent. Autrefois une ville grande et puissante, le centre du monde. Aujourd’hui une ville conquise, en partie détruite. Rome après Alaric. Kind of. Dans le monde de La Cité des marches , dernier roman traduit en français de Robert Jackson Bennett et premier volume de le trilogie des Cités divines , il y a le Continent et le reste – ce centre-périphérie théorisé au XIV siècle par le grand historien arabe Ibn Khaldoun . Et, comme dans l’analyse de ce dernier, la périphérie a fini par conquérir le centre, en l’occurrence le Continent ; rien d’étonnant, ce n’est qu’à la périphérie que résident la force et la détermination nécessaires à la guerre. Concrètement, c’est une révolte conduite avec succès il y a plusieurs décennies par le Kaj qui a abattu l’empire continental et ses dieux. La chute des uns entrainant celle de l'autre. Car tu dois le savoir, lecteur, le pouvoir sans égal du Continent était le fruit des « miracles » de ses six dieux, incarnés dans le

Judge Dredd : Origines - Wagner - Ezquerra - Secret d'Etat


« Il est la Loi ». Qui, sur ce blog, ne connaît pas cette phrase ?
Inutile de présenter ici Judge Dredd, du moins je l’espère ; le personnage créé en 1977 par Wagner et Esquerra pour 2000 A.D. a atteint la célébrité de ceux qui sont connus même de gens qui ne l’ont jamais lu.

Deux mots au cas où. Futur proche. La Terre a été dévasté par une guerre nucléaire. D’immenses zones irradiées sont devenus des Terres Maudites, abandonnées de tous hormis de parias ou de mutants cannibales. A l’abri de ces enfers terrestres, les Méga-Cités abritent, derrière des murs de protection, ce qui reste de la partie la plus normale de l’Humanité. Divisées en immenses blocs quasi-autonomes, polluées, violentes, surpeuplées à la limite de l’invivable, les Méga-Cités sont gouvernées d’une main de fer par le corps des Juges, une force d’hommes et de femmes incorruptibles – entrainés/conditionnés, dès l’enfance, à l’Académie de la Loi pour n'être plus que leur fonction – qui concentrent entre leurs mains les pouvoirs législatifs, exécutifs, et judiciaires. Les Juges gouvernent, les Juges patrouillent sur leurs motos surpuissantes, les Juges accusent, condamnent, et exécutent sans délai et avec une extrême rigueur. Au sein de ce corps de despotes convaincus d’être éclairés, et dans Mega-City One même, le Judge Dredd est une légende. Archétype du Juge, Dredd est le plus fort, le plus efficace, le plus courageux, un homme incorruptible et dépourvu de toute pitié. Ne dormant que le moins possible, ne quittant jamais son masque facial, Dredd paraît si peu humain qu’il pourrait n’être qu’une personnification du système des Juges. Il est celui qui remplit les missions les plus difficiles, les plus dangereuses, les plus critiques pour la survie de Mega-City One.

Après des centaines d’épisodes du comic, on aurait pu penser que tout était dit sur Dredd et sa Terre. Qu’on connaissait tous les recoins d’un monde aussi terrifiant hors des murs qu’à l’abri de ceux-ci. On pensait tout savoir de la biographie singulière de Dredd, et avoir apprécié jusqu’à plus soif autant la grande aventure à laquelle il convie, à chaque épisode, le lecteur, que l’humour de répétition décalé qu’engendre la vision des actes totalement inempathiques du plus grand des Juges, cet homme si marmoréen qu’il pourrait être une statue animée.

C’était sans compter sur l’arc "Origines", créé en 2006 par les deux auteurs originaux, et traduit aujourd’hui en France dans une belle édition hardbound qu’on doit à Délirium.
"Origines" : une intrusion mutante dans Mega-City One suivie d’une demande de rançon très particulière conduit Dredd à rassembler une petit commando pour aller dans la Terre Maudite à la recherche du secret très bien gardé qui entoure l’origine du monde des Juges.

On y apprend, en progressant dans une histoire à la belle dynamique, la genèse du terrible futur que nous décrit la série. On y voit les évènements qui conduisirent à la guerre, à la création des Méga-Cités, à l’apparition du corps des Juges puis à sa prise de pouvoir sous l’impulsion de son fondateur, le légendaire Juge Fargo. Entre enquête down the memory lane et grande aventure post-apo, "Origines" est un récit exaltant qui réussit le tour de force de satisfaire le désir d’en savoir plus des lecteurs expérimentés sans oublier de prendre par la main les néophytes pour les introduire dans le monde cauchemardesque de Dredd. A savourer au second degré, comme on le fait pour le Starship Troopers d'Heinlein.
C’est aussi très joliment dessiné, et colorisé de manière expressive. Que demander de plus, citoyen ?

Judge Dredd Origines, Wagner, Ezquerra

Commentaires

Alias a dit…
Très tentant. Il faudra que je me le trouve en VO, de préférence dans une édition qui ira avec mes "Complete Judge Dredd".
Gromovar a dit…
Ouais, la VO est sûrement préférable. Là, j'ai eu la flemme.
Xapur a dit…
Tentant. Je n'ai pas lu le personnage depuis des années mais ce récit me paraît sympa, enfin, façon de parler ;)
Gromovar a dit…
Je te le conseille. Old Man Logan en mieux.
Alias a dit…
Je confirme que c'est très bien; je chronique ça demain.