La Cité des marches - Robert Jackson Bennett

Bulikov, la capitale du Continent. Autrefois une ville grande et puissante, le centre du monde. Aujourd’hui une ville conquise, en partie détruite. Rome après Alaric. Kind of. Dans le monde de La Cité des marches , dernier roman traduit en français de Robert Jackson Bennett et premier volume de le trilogie des Cités divines , il y a le Continent et le reste – ce centre-périphérie théorisé au XIV siècle par le grand historien arabe Ibn Khaldoun . Et, comme dans l’analyse de ce dernier, la périphérie a fini par conquérir le centre, en l’occurrence le Continent ; rien d’étonnant, ce n’est qu’à la périphérie que résident la force et la détermination nécessaires à la guerre. Concrètement, c’est une révolte conduite avec succès il y a plusieurs décennies par le Kaj qui a abattu l’empire continental et ses dieux. La chute des uns entrainant celle de l'autre. Car tu dois le savoir, lecteur, le pouvoir sans égal du Continent était le fruit des « miracles » de ses six dieux, incarnés dans le

Pourquoi chroniquer les mauvais livres ?

Profites-en lecteur, une chro sur l'art du blogging, tu n'en verras qu'une par décennie ici.

Dans la communauté des blogueurs une question revient souvent : Faut-il chroniquer les mauvais livres (et donc leur écrire une chronique négative) ou ne chroniquer que ce qu'on a aimé comme on conseillerait un bon livre à un ami ?

Je ne parlerai pas ici des exercices d'admiration qu'on voit souvent dans lesquels, après avoir abondamment remercié l’auteur, l'éditeur, et ses parents, un blogueur, si embedded dans le milieu qu'on peut le qualifier d'encarté, explique à quel point le livre qu'on lui a offert est l'un des meilleurs qu'il ait jamais lus avant de recueillir les commentaires énamourés de son following. Ce qu'on peut en penser ne nécessite aucun développement, il y a beaucoup de blogueuses mode dans l'âme dans le petit monde des blogs littéraires.
Non je voudrais ne m’intéresser qu'à la question sus-citée.

Trois grandes approches, conscientes la plupart du temps :
  • Ne pas chroniquer ce qu'on n'a pas aimé.
  • Chroniquer tout et utiliser moult périphrases pour faire sentir que oui le livre est bon mais non pas tant que ça
  • Dire que le livre n'est pas bon et que le choix rationnel est de s'abstenir de l'acheter et de le lire.

La troisième méthode a ma préférence. Je l’opposerai à la première.
On peut comprendre la seconde mais elle a un inconvénient majeur : pour comprendre les mises en garde cryptées, il faut avoir l'habitude de lire des blogs ce qui réserve les bons conseils aux happy few.

Revenons à la première donc à l'aide de deux exemples récents et personnels (et épargnons-nous tout de suite la tarte à la crème de la subjectivité. Evidemment qu'une chronique est subjective donc contingente, néanmoins il y a un minimum de consensus sur ce que sont un bon et un mauvais livre, on doit donc pouvoir utiliser ce minimum de consensus pour se guider).

J'ai lu récemment Binti de Nnedi Okorafor (dont j'avais par ailleurs bien aimé le premier roman Who fears death) et J'ai tué François-Ferdinand de Le Galli et Héloret. Ces deux ouvrage sont de piètre qualité. Les lire m'a couté de l'argent et du temps. Argent et temps qui auraient été mieux utilisés à la lecture d'autre ouvrages de meilleure qualité. Certains lecteurs sont peut-être immortels, moi non ; mon temps est limité donc précieux. Si on m'avait prévenu de manière argumentée, j'aurais évité ces lectures comme j'en évite beaucoup (un nombre incalculable, de fait). J'aurais aimé qu'un blogueur ou un journaliste me prévienne. Nul ne l'a fait (c'est même pire en fait, Okorafor étant devenu une star elle a une presse dithyrambique, et François-Ferdinand est très bien chroniqué sur certains sites massifs de BD dont on peut douter de l'objectivité quand on compare leur chronique à la réalité de l'album).

Voila pourquoi je chronique négatif quand nécessaire. Pour prévenir les gens qui passent sur mon blog et leur conseiller de ne pas perdre leur temps avec ce qui n'en vaut pas la peine. Je ne laisserais pas un ami acheter un livre que je sais mauvais. J'ai le même souci pour tous ceux qui ont l'amabilité de passer sur mon blog. Si l'édition était une preuve suffisante de qualité, ça se saurait, et il n'y aurait pas besoin de critiques, les éditeurs en tiendraient lieu.

Commentaires

Lune a dit…
"Certains lecteurs sont peut-être immortels, moi non" la fin d'un mythe.
Gromovar a dit…
Et crois bien que je le regrette.
Anonyme a dit…
Je suis bien d'accord, même si chroniquer négativement une oeuvre (un livre, un film, un morceau de musique, ou une exposition, c'est la même chose en fait, au fond...) c'est aussi assumer une position ambiguë.
Tout d'abord, dire (et écrire) ce qui ne va pas d'ans l'oeuvre, c'est pouvoir donner des idées à ceux qui voudraient reprendre le concept d'une façon différente, c'est donc participer à la création, en quelque sorte. Côté lumineux de la critique.
Mais c'est aussi faire "l'inspecteur des travaux finis", et se placer dans un rôle artistique qui peut paraître usurpé ou tout du moins discutable. Côté obscur de la critique.
Pour autant, lecteur, spectateur ou observateur, nous avons tous légitimité à dire que nous n'avons pas aimé, si nous l'argumentons. C'est le point essentiel de ton billet : utiliser des guides. Même si ces guides peuvent être appréciés diversement selon les goûts et les envies de chaque lecteur potentiel.
Il est donc possible que l'on se retrouve dans le cas de figure de ta deuxième hypothèse : savoir qu'on a les mêmes goûts ou des goûts différents d'un chroniqueur n'est pas facile a priori. Tes exemples montrent que les chroniques positives qui étaient nombreuses pouvaient détoner par rapport à ta propre vision.
Bref, à mon avis c'est être honnête dans sa démarche que de chroniquer ce que l'on n'a pas aimé comme ce que l'on a aimé.
Et le lecteur fera son tri en suivant ou pas, notre opinion argumentée.
Gromovar a dit…
Merci pour ce retour balancé qui a saisi ce que je voulais exprimer.
Réflexion intéressante. Pour ma part, je ne chronique que les livres que j'ai aimés, et ce pour plusieurs raison.

Déjà, mon blog n'est pas un blog de lecture et donc je n'accorde pas une grande place aux chroniques. Mais surtout, je n'aime pas dire d'un auteur que son travail est nul et démonter ce qu'il a fait, même si effectivement, c'est nul. Je me mets à sa place et ce n'est vraiment pas quelque chose que je veux faire, en tout cas sur un lieu de communication public comme un blog. Ceci dit, je comprends tout à fait qu'on fasse aussi des critiques négatives et je suis content d'esquiver une dépense inutile pour un livre mauvais.

Dernier point: quand un livre ne me plait pas et donc à fortiori quand il est mauvais, j'arrête bien vite ma lecture. Difficile d'argumenter dans ce cas là.
Lauryn a dit…
Idem. Lorsqu'un livre ne me plaît pas, j'écris tout de même la chronique, en argumentant et expliquant mon ressenti de manière beaucoup plus précise qu'une chronique positive, me semble-t-il. Je crois que c'est simplement pour être sûre de bien transmettre mes impressions, en précisant mes goûts, afin que mes lecteurs comprennent bien que s'ils n'ont pas les mêmes attentes que moi, ils pourront aimer le livre. Je préfère cela à l'écarter, car je ne me vois pas mettre sur mon blog juste des chroniques positives. J'aurai le sentiment de ne pas servir à grand-chose, au final. Je me suis aussi retrouvée dans la position d'acheter un livre car j'en avais lu des avis positifs et, après lecture, être d'autant plus frustrée que je ne l'avais pas apprécié du tout. Il m'a semblé, à ce moment, que les défauts que je lui trouvais auraient pu sauter aux yeux d'un blogueur et me permettre d'éviter un achat bien inutile.
Gromovar a dit…
Je comprends. Moi je n'arrive pas à croire (à tort) avant la fin qu'il n'y aura rien à sauver.
Gromovar a dit…
D'accord avec toi, j'argumente involontairement plus quand c'est négatif. Je veux que le négatif soit le plus rationalisé possible.
Vert a dit…
Vaste question que celle-ci. Pour ma part j'ai tendance à choisir mes chroniques en fonction de ce que j'en ai dire, donc un mauvais livre qui m'a profondément déçu ou irrité, je prendrais le temps de détailler, sinon c'est 3 lignes dans le bilan mensuel (ça m'arrive aussi de le faire pour des bons livres quand c'est dur d'en dire plus).
Mais c'est bien de poster ses critiques négatives, on est toujours content d'en trouver une quand on n'est pas d'accord avec la majorité !
Lune a dit…
Sinon pour en revenir, j'ai tendance à ne plus terminer les livres que je trouve mauvais ou qui ne me conviennent pas. Je me suis longtemps forcée à aller au bout mais comme toi je ne suis pas immortelle, ce qui fait que maintenant je m'arrête. Cependant je partage souvent mes impressions négatives ou positives sur les réseaux sociaux ou le forum PSF.
Tigger Lilly a dit…
Ton point de vue est correct à partir du moment où
1/ on chronique tout ce qu'on lit (SAUF ce qu'on n'a pas aimé et parce qu'on n'a pas aimé)
2/ on arrive au bout du bouquin

Je chronique de moins en moins tout ce que je lis et par là même j'ai tendance à privilégier la chronique de ce que j'aime. Pourquoi ? Parce que en mettant le livre que je n'ai pas aimé et celui que j'ai aimé l'un à côté de l'autre, me dire que j'ai le temps de ne chroniquer qu'un des deux, ben je vais avoir dans la plupart des cas envie de chroniquer celui que j'ai aimé. Mais ... Il m'arrive aussi de ne pas chroniquer des livres que j'ai aimé.
Après comme le dit Lune, il y a les réseaux sociaux pour partager de manière succincte des avis variés sur ce qu'on lit.

Il m'arrive très rarement de ne pas finir un livre, il est donc plus difficile de me mettre à cette place. D'ailleurs si je me souviens bien la dernière fois que c'est arrivé je l'avais chroniqué quand même, mais j'avais quand même lu très en diagonale et l'avait bien sûr spécifié sur la chronique. Mais je comprends tout à fait que l'on évite de le faire. Ça m'arrive tout le temps avec les jeux vidéos par exemple : je joue et en général au bout de 20 minutes (parfois entre 1 et 2h), je sais que non ça va pas le faire. Je ne chronique pas alors. D'abord, je ne vais pas perdre mon temps (moi non plus je ne suis pas immortelle et ça vaut aussi pour le temps passé à chroniquer), ensuite je n'ai pas forcément grand chose à dire. Du coup, toutes mes chroniques de JV sur mon blog sont des jeux que j'ai aimés voire adorés. Est-ce que cela fait de moi une vendue ou quelqu'un qui ne se soucie pas de son lectorat ? J'espère que non :p

Bref, ce qui est le plus important selon moi ce sont les arguments donnés par le blogueur ou le journaliste (je dis journaliste mais perso pour les livres, je ne lis jamais de chronique de journaliste), qu'il ait aimé ou pas le livre. Est-ce que ça ne t'est pas déjà arrivé qu'en lisant la chronique positive de quelqu'un que tu te dises "nop c'est pas pour moi"? Là c'est que la personne a bien fait son taf. Egalement, je pense que quand on cherche des avis sur un objet culturel pour savoir si on va l'acheter ou pas, il faut toujours lire des critiques positives et négatives. Je fais ça très fréquemment quand j'hésite à aller voir un film au cinoche et ça marche plutôt pas mal.

Le problème avec le François-Ferdinand et le Okorafor, j'ai l'impression, c'est que tu as lu des critiques de complaisance qui t'ont empêché de pouvoir peser les arguments pour ou contre, quelle que soit le ton de la critique, puisque les arguments étaient -probablement, je n'ai lu ni l'un ni l'autre et pas lu d'avis sur le sujet- fallacieux.

Et ça, ça me parait beaucoup plus grave.
Gromovar a dit…
Je trouve aussi. Ca rassure.
Gromovar a dit…
Putain. Ya vraiment aucun immortel dans le jury PSF ?
Gromovar a dit…
Bien sûr ce sont les arguments qui comptent.

Et la connaissance du blogueur (ce qui nous ramène au cas 2). C'est la même chose pour les critiques cinéma dans la presse, je sais avec qui je ne suis pas d'accord (et pour les livres c'est avec Lune 'evil grin').

Mais comme tous ceux qui nous lisent ne nous connaissent pas, plus on argumente mieux ça vaut, et d'autant plus si on est négatif car ça peut impacter négativement la personne ou même les ventes (j'ai déjà dit ailleurs que nous sommes un micro-marché donc chaque vente compte).

Et c'est ce qu'on font tous les jours les profs avec les même exigences de rigueur et d'explication et des conséquences autrement plus graves. Une note ou une appréciation chez moi peuvent faire la différence entre une prépa du top qui t'amène vers HEC ou l'ENS ou une prépa plus modeste qui t'amènera moins loin. Quand on connait le point écrasant du diplôme en France, ce sont des décisions qu'on ne prend pas à la légère. Je connais au moins un élève brillant qui n'a pas intégré Louis le Grand à cause d'un 0 pour un DM non rendu. Ca peut paraitre dégueulasse mais le DM non rendu signifie quelque chose que la note transmet au comité de sélection.
Lune a dit…
Désolée il va falloir que tu rentres à l'académie française.
Efelle a dit…
Tiens je n'avais pas vu ce billet...
Chroniquant tout ce que je lis, je me retrouve dans ton point n°3.

Par ailleurs et pour meubler ce commentaire : j'avais survolé une preview du J'ai tué François Ferdinand et ne l'avais vraiment pas senti et me suis abstenu de l'acheter alors que j'ai beaucoup apprécié les deux autres.
Quant à Nnedi Okorafor, je n'ai pas apprécié Who fear death et l'ai rayé de mes tablettes depuis. ;)
Gromovar a dit…
Ce com' d'Efelle était passé en spam, j'ignore pourquoi.