La Cité des marches - Robert Jackson Bennett

Bulikov, la capitale du Continent. Autrefois une ville grande et puissante, le centre du monde. Aujourd’hui une ville conquise, en partie détruite. Rome après Alaric. Kind of. Dans le monde de La Cité des marches , dernier roman traduit en français de Robert Jackson Bennett et premier volume de le trilogie des Cités divines , il y a le Continent et le reste – ce centre-périphérie théorisé au XIV siècle par le grand historien arabe Ibn Khaldoun . Et, comme dans l’analyse de ce dernier, la périphérie a fini par conquérir le centre, en l’occurrence le Continent ; rien d’étonnant, ce n’est qu’à la périphérie que résident la force et la détermination nécessaires à la guerre. Concrètement, c’est une révolte conduite avec succès il y a plusieurs décennies par le Kaj qui a abattu l’empire continental et ses dieux. La chute des uns entrainant celle de l'autre. Car tu dois le savoir, lecteur, le pouvoir sans égal du Continent était le fruit des « miracles » de ses six dieux, incarnés dans le

Ils ont rasé la Mésopotamie


Le tome V de l’Intégrale Sandman propose trois univers très distincts au lecteur.

D’abord, un récit, assez long, intitulé Ramadan. Très connu, il signe l’incursion du Rêve dans le monde des Mille et une Nuits. Au fil d’une histoire parfaitement maitrisée qui reprend les codes des contes orientaux dont Ramadan s’inspire - notamment le mélange de beauté et de cruauté qui caractérise la plus belle des villes ainsi que l’ennui et le trouble qui habitent le noble et sage calife Haroun Al-Rachid - il montre comment le Rêve accepte de rendre immortelle Bagdad, la perle de l’Orient. On voit ce qu’il en advient.

L’histoire remet tristement en mémoire le pamphlet de Bruno Etienne et Mohammed El-Ahnaf « Ils ont rasé la Mésopotamie ».

Puis vient un arc de six histoires intitulé La fin des mondes.

Une tempête de réalité secoue les mondes et pousse maints voyageurs de maintes réalités - y compris le centaure Chiron - à chercher refuge dans L’auberge de la fin des mondes. Certains en repartiront dès le calme revenu, d’autres choisiront d’y rester pour toujours. Durant leur séjour, alors que l'univers est en tourment, les réfugiés doivent chacun raconter une histoire aux autres, sur le modèle des Contes de Canterbury de Chaucer. Tous les contes ne sont pas d’égale qualité, néanmoins certains sont complexes, drôles, intrigants, ou beaux.

Citons notamment ceux sur la Faerie, le Président des USA (quand on lit ce que Gaiman dit de la genèse de cette histoire, on ne peut s'empêcher de penser au devenir de Syriza), ou la multiplicité des rites funéraires – ce dernier utilisant la technique des récits emboités.
On y entend aussi le non récit involontaire et très émouvant de cette Charlène de notre monde qui raconte, comme un cri de rage, sa vie de sarariwoman solitaire.

Enfin, un arc superbe, Les chasseurs de rêves.

Superbe d’abord du fait du dessin. Traité sur le mode de l’estampe japonaise en traits clairs et couleurs douces, situé dans ce Japon médiéval où se côtoyaient hommes, esprits, et dieux, l’arc est visuellement somptueux. Et puis il y a ce qu'on y lit. Une histoire très japonaise d’amour, de malédiction et de vengeance, qui met en scène un bon moine, une femme renard, et un bien maléfique sorcier. Impossible de résister à cette histoire ; il est presque impossible de résister aux femmes renards tant elle sont belles, aimables, et capable d’emportements amoureux. Ce n’est pas Kij Johnson qui me contredira.

L’ensemble est donc très satisfaisant.

Sandman L'Intégrale tome 5, Gaiman et al.

Ce roman participe au challenge Winter Mythic Fiction du RSF Blog

Commentaires

Vert a dit…
Arf on approche de la fin hélas...
Tu as eu l'occasion de voir la version d'Amano pour les Chasseurs de rêves ?
Gromovar a dit…
Nope. On peut la trouver où ?
Vert a dit…
En vf il me semble que les prix sont astronomiques en occas, en VO ça doit être plus abordable (ça doit pas te faire peur en plus ^^). Faut juste bien capter le roman illustré et pas le comic.
Lorhkan a dit…
Comme d'hab' avec Sandman, je ne lis pas ta chronique tant que je n'ai pas lu le volume correpsondant.
Je veux rester vierge avant ma lecture. :D

Ceci est donc un commentaire hautement utile ! ;)
Gromovar a dit…
Les commentaires, même peu utiles, sont toujours agréables :)