Espèce invasive - Christophe Esnault

Sortie chez Milagro Editions d’un petit opuscule qui, comme on dit, ne donne pas envie de danser, Espèce invasive , du poète Christophe Esnault. Quoique… Où mieux danser que sur le volcan ? Une espèce invasive, si on en croit la définition que donne le Muséum d’histoire naturelle est « une espèce vivante dont la prolifération provoque des dégâts dans le milieu dans lequel elles s’installent » . Le Ministère de la transition écologique etc. est plus explicite, précisant que « ces espèces représentent une menace pour les espèces locales, car elles accaparent une part trop importante des ressources (espace, lumière, ressources alimentaires, habitat…) dont les autres espèces ont besoin pour survivre. Elles peuvent aussi être prédatrices directes des espèces locales. » et « sont aujourd’hui considérées comme l’une des principales menaces pour la biodiversité. Elles constituent un danger pour environ un tiers des espèces terrestres et ont contribué à près de la moitié des extinctions connue

I wish you a merry Christmas !


Quatrième épisode de la série Grandville. L’épisode de Noël, comme il y en a dans toutes les séries TV, avec ici bien moins de dialogues sirupeux et bien plus d’intelligence scénaristique.
J’ai déjà écrit trois chroniques sur Grandville, je vous y renvoie. Grandville, c’est steampunk, c’est beau, c’est fin, c’est complexe, c’est intelligent. Il faut lire Grandville en VO, en VF, en V n’importe quoi d’autre ; cette série est brillante. De loin, une des meilleures séries en cours actuelles.

Noël approche. A la demande de sa logeuse, Mme Doyle, l’inspecteur Le Brock se lance à la recherche de la jeune nièce de celle-ci, disparue depuis peu. L’enlèvement possible s’avère être une fugue, un départ vers la France pour rejoindre une secte millénariste qui se révèlera bien plus sinistre qu’on n’aurait pu le supposer à priori. Le Brock, seul sur le terrain – enfin, en compagnie d’un de ces « doughfaces » que sont les humains discriminés - mais motivé comme jamais, sauvera la fille, la démocratie et presque le monde, arrêtera un criminel, ceci sans oublier de donner beaucoup d’amour à son amante Billie et d’être à l’heure pour le réveillon de Noël. Une énergie qui ne se dément jamais. Un happy end de bon goût ici.

Comme pour les épisodes précédents, ce "Grandville Noël" peut se lire comme n’importe quelle BD policière et d’action steampunk. C’est enlevé, rythmé, rapide ; on y prendra grand plaisir. Mais le plaisir augmente si on cherche (ou trouve) les références, si on pointe la richesse des détails narratifs, si on se plonge dans le background historique qui commence à se dessiner. On croisera donc, au fil des pages, de nombreuses références à Sherlock Holmes (et pas seulement Mme Doyle), aux sectes millénaristes, aux escrocs qui les dirigent et aux malheurs qu'ils causent de Waco à Jim Jones, à la montée du nazisme, aux malheurs causés par la violence domestique, aux discriminations raciales et aux cycles attentats/répression qu’elles engendrent. On y discutera, bien mieux que dans Da Vinci Code, des évangiles perdus, de leur retour en Occident après les Croisades ‘wink’, des exactions commises pour protéger la version officielle de la foi. On y discutera de l’origine des espèces et de questions cruciales telles que : « l’animal humanisé est-il créé à l’image de Dieu ? » ou « Dieu a-t-il donné la Terre à l'animal humanisé ? ». Je pourrais continuer mais j’arrête là.
Ah si, quand même. Il fallait un Christ pour Noël. Qui mieux qu'une licorne pour tenir ce rôle?

Au-delà de l'histoire et des références, l’essentiel, c’est le plaisir véritable qu’on ressent à voir comment Talbot à l’air de s’amuser en écrivant. Comment il empile humour, clins d’œil, action, et même un amour qui est tout sauf mièvre, dans une sorte de tornade qui n’a pas de limite. On sort de cet album lessivé et furieusement content. Jetez-vous dessus ! Il est encore temps. C'est votre album épisode de Noël.

Grandville Noël, Bryan Talbot

Commentaires

Xapur a dit…
Vil tentateur...
Gromovar a dit…
Il te reste deux jours pour vivre la joie de Noël :)
Vert a dit…
Pourquoi ils ont arrêté de les sortir en France, pourquoi ? :'(
(par contre c'est rigolo, je suis en train de (re)lire l'intégrale 5 de Sandman et je découvre que justement les dessins sont de Bryan Talbot)
Gromovar a dit…
Je dois la lire bientôt. Je verrai ça.