La Cité des marches - Robert Jackson Bennett

Bulikov, la capitale du Continent. Autrefois une ville grande et puissante, le centre du monde. Aujourd’hui une ville conquise, en partie détruite. Rome après Alaric. Kind of. Dans le monde de La Cité des marches , dernier roman traduit en français de Robert Jackson Bennett et premier volume de le trilogie des Cités divines , il y a le Continent et le reste – ce centre-périphérie théorisé au XIV siècle par le grand historien arabe Ibn Khaldoun . Et, comme dans l’analyse de ce dernier, la périphérie a fini par conquérir le centre, en l’occurrence le Continent ; rien d’étonnant, ce n’est qu’à la périphérie que résident la force et la détermination nécessaires à la guerre. Concrètement, c’est une révolte conduite avec succès il y a plusieurs décennies par le Kaj qui a abattu l’empire continental et ses dieux. La chute des uns entrainant celle de l'autre. Car tu dois le savoir, lecteur, le pouvoir sans égal du Continent était le fruit des « miracles » de ses six dieux, incarnés dans le

Le plus beau des anges


La série "Lucifer", jamais traduite en français, est un spin-off de Sandman. Il est très dommage que le public VF n’y ait pas accès tant la série est bonne. Ils se consoleront peut-être avec la série télé à venir, dirigée par Tom Kapinos.

Rappelons que Lucifer, ange rebelle, déchu, vaincu, est un seigneur des enfers si las qu’il laisse la clef de son royaume à Rêve dans l’arc « La saison des brumes ». Libéré de sa charge, il s’installe avec Mazikeen, un démon femelle, dans le monde physique, précisément à Los Angeles, plongeant dans l’inconnu pour y trouver, espère-t-il, du nouveau.

Cette chronique sera brève car il n’y a pas de grande vérité métaphysique inédite à tirer de la série Lucifer donc peu de lignes à écrire pour quelqu’un qui ne résume pas les récits. Un avis simplement : Un excellent moment de lecture !

Le Book One rassemble les treize premiers numéros du comics (qui en comptera 75 au total) et cinq arcs : « The Morningstar Option », « A Six-Card Spread », « Born with the Dead », « The House of Windowless Rooms » et « Children and Monsters », tous liés.

Lucifer y combat de très anciennes divinités qui accordent aux hommes tous leurs souhaits, même les plus fous. Il y rencontre le Basanos, un tarot vivant à l’agenda obscur mais visiblement bien rempli. Il y participe, indirectement, à la résolution d’un meurtre d’enfant. Il s’y confronte à la maitresse japonaise de la mort et de la création, Izanami, ainsi qu’à ses fils, traitres et inhospitaliers. Enfin, il repousse un assaut des armées angéliques sur son domaine, et révèle à une petite fille son ascendance surnaturelle.

Lucifer est un personnage attachant car complexe. Caché sous l'identité d’un patron de piano bar, le Lux (on appréciera), il est élégant, charmeur, délicieux comme un homme de goût accoutumé aux choses de la nuit. Cynique, impitoyable, il sait aussi être magnanime ou tenter de faire les choses justes. Vivant par choix loin de l’omniscience divine, il connait le doute comme un être humain, là où Dieu sait tout et où les armées divines sont pétris de certitudes vertueuses. Puissant, rusé, intelligent au point d’être brillant, Lucifer vainc ses ennemis même lorsque ses pouvoirs surnaturels sont au plus bas, grâce à la vivacité de son esprit et au pouvoir persuasif de sa parole.

Autour de lui, ennemis, alliés, et interlocuteurs sont nombreux. Mazikeen la démone, son amie et servante, est toujours là, présente, dévouée. De nombreux autres traversant l’histoire et jouent leur part. Des skinheads qui trouveront un juste châtiment, une jeune fille qui préfèrerait ne pas savoir ce que son cœur désire vraiment, une petite fille au triste destin, une humaine qui devient le vaisseau d’un artefact antédiluvien, des divinités aigries, une prêtresse maudite, des anges vengeurs au sein desquels Amenadiel est le plus brutal, et bien d’autres encore.

Toute cette vie bouillonnante - car toute vie l’est par essence - humaine et extra-humaine, vit des aventures palpitantes, choquantes, intrigantes, des bouleversements dont Lucifer fait partie, parfois au centre du jeu, parfois seulement dans les angles morts du récit. C’est souvent dur mais toujours fort.
C’est brillant, complexe, toujours logique, superbement écrit, tirés par les personnages, leurs désirs avoués ou non, leurs forces, leurs faiblesses et la manière dont ces traits se confrontent aux opportunités qui se présentent du fait des manigances des uns et des autres. Tout se tient, tout est logique, rien ne semble sorti du chapeau du magicien.
De plus c’est beau, le graphisme évoquant l’étrangeté fondamentale des protagonistes sans jamais être inaccessible à un lecteur qui n’est qu’humain.

Si on lit en VO, à fortiori si on aime Sandman, il faut foncer.

Lucifer Book One, Carey et al.

Commentaires

Lorhkan a dit…
Evidemment, quand on est du genre complétiste comme moi, on aime bien avoir tout ce qui concerne une série, même les spin-offs.
Donc il est bien dommage que celui-ci n'ai pas été traduit... Ceci dit, un comics en VO me dérange beaucoup moins qu'un roman, donc pour quoi pas...
C'est un gros volume non ? Parce que d'après ce que tu en dis, il s'en passe des choses !
Gromovar a dit…
Ca se lit sans grande difficulté. Et oui, c'est gros, presque 400 pages denses.
Vert a dit…
Peut-être qu'Urban Comics le traduira si Sandman se vend bien (on a le droit de rêver ^^)
Est-ce Mazikeen parle de façon plus compréhensible dans cette série ? (parce que bon dans la Saison des brumes, faut la suivre !)
Gromovar a dit…
Euh, non ;)

Mais après il lui arrive un truc qui fait qu'elle parle mieux mais qui ne lui fait pas du tout plaisir. Ce qui prouve une fois encore que le mieux est l'ennemi du bien.
Anonyme a dit…
Tiberix : mazel tov : )