Descente - Iain Banks in Bifrost 114

Dans le Bifrost 114 , on trouve un édito dans lequel Olivier Girard – aka THE BOSS – rappelle que, en SF comme ailleurs, un part et un autre arrive. Nécrologies et anniversaires mêlés. Il y rappelle fort justement et pour notre plus grand plaisir que, vainquant le criminel effet de génération, Michael Moorcock et Big Bob Silverberg – les Iguanes de l’Imaginaire – tiennent toujours la rampe. Long live Mike and Bob !! Suivent les rubriques habituelles organisées en actualité et dossier : nouvelles, cahier critique, interview, biographie, analyses, bibliographie exhaustive, philofiction en lieu et place de scientifiction (Roland Lehoucq cédant sa place à Alice Carabédian) . C'est de Iain Banks qu'il est question dans le dossier de ce numéro, on y apprendra que la Culture n’est pas seulement « ce qui reste quand on a tout oublié ». Dans le Bifrost 114 on pourra lire une jolie nouvelle de Iain Banks, intitulée Descente et située dans l’univers de la Culture (il y a des Orbitales)

Morte avant que d'avoir vécu


Au commencement il y eut « Entretien avec un vampire », le chef d’œuvre d’Anne Rice. Réalisé comme l’interview-confession de Louis, vampire tourmenté, nostalgique et solitaire, « Entretien avec un vampire » rendit au genre vampirique éclat et lettres de noblesse en faisant du vampire une victime, meurtri par sa condition.
Aujourd’hui, 37 ans plus tard, "Entretien avec une vampire : l’histoire de Claudia" est l’adaptation BD (d’aucuns diront manga au vu de l’éditeur, beaucoup, et du graphisme, un peu) d’une partie du roman, sûrement le plus belle et poignante, la partie consacrée à Claudia.

Claudia, superbe création d’Anne Rice, est un personnage inoubliable, l’un des plus tragiques et des plus beaux de l’Imaginaire. Sans elle, « Entretien avec un vampire » n’aurait été qu’un bon roman de vampire ; avec elle, il atteint la grâce, et laisse dans le cœur du lecteur une marque indélébile.
Claudia, faite vampire alors qu’elle était enfant, condamnée à vivre dans un corps qui ne grandira jamais alors que son esprit accumule les décennies. La petite fille vampire blonde et bouclée, créée par Lestat pour retenir Louis en lui donnant un enfant à protéger, deviendra une femme, avec des sentiments et des désirs de femme, enfermée dans un corps de poupée qui l’empêchera à jamais de les réaliser. De Louis, Claudia apprendra l’amour des arts et de la beauté ; Lestat lui enseignera le goût de la chasse et une cruauté impitoyable. Les années et les affres de sa condition l’amèneront à développer un amour passionné mais désespérément platonique pour Louis, et une haine farouche pour Lestat à qui elle fait porter le poids de son état et la responsabilité de sa misère.

En quête de ses origines, de celles de la race vampirique, d’une descendance, Claudia fera payer son existence amputée à Lestat, et s’en libérera pour vivre avec Louis la passion tragique dont elle rêvait, sans imaginer qu’elle s’achemine vers une issue qui ne peut être que fatale.

Dans le roman, c’est Louis qui raconte. Ici, tout est vu à travers les yeux de Claudia. Les deux visions se complètent tant l’adaptation est de qualité.

Quant au graphisme, il semble difficile de trouver meilleure adéquation à l'œuvre originale. Sur du papier jauni, le dessin fin et détaillé donne vie et visage aux personnages romantiques du roman avec la même élégance qu’avait la mise en image que le cinéma en a faite. Des éclats de couleur, feu, sang, ponctuent quand nécessaire en arrière des cases, et dynamisent les moments forts. Cette adaptation graphique est une réussite absolue qui compose donc avec le roman et le film de Neil Jordan un triptyque indispensable, le retable de Sainte Claudia.

Entretien avec un vampire : l’histoire de Claudia, Anne Rice et Ashley Marie Witter

Commentaires

Escrocgriffe a dit…
Dire que j'ai failli l'acheter en librairie ! J'adore autant le livre que l'adaptation de Neil Jordan, dont la bande-originale m'a longtemps hanté ("Libera Me"). J'aurais du me laisser tenter, ça m'apprendra ^^
Gromovar a dit…
Rien n'est encore perdu.
Tigger Lilly a dit…
Belle chronique. Ça donne très envie de se replonger dans les chroniques vampiresques d'Anne Rice.
Raven a dit…
Pas mieux que Tigger Lilly, je garde un excellent souvenir du film ainsi que des romans... Claudia est un personnage qui m'a souvent irritée, surement parce que je n'ai pas creusé suffisamment son point de vue ! L'occasion avec cette BD? On verra ! :)
Gromovar a dit…
Claudia est une femme à qui personne n'a enseigné de sens moral, et qui sera privée pour une éternité véritable de tout accomplissement sexuel de l'amour qu'elle ressent pour Louis.