Descente - Iain Banks in Bifrost 114

Dans le Bifrost 114 , on trouve un édito dans lequel Olivier Girard – aka THE BOSS – rappelle que, en SF comme ailleurs, un part et un autre arrive. Nécrologies et anniversaires mêlés. Il y rappelle fort justement et pour notre plus grand plaisir que, vainquant le criminel effet de génération, Michael Moorcock et Big Bob Silverberg – les Iguanes de l’Imaginaire – tiennent toujours la rampe. Long live Mike and Bob !! Suivent les rubriques habituelles organisées en actualité et dossier : nouvelles, cahier critique, interview, biographie, analyses, bibliographie exhaustive, philofiction en lieu et place de scientifiction (Roland Lehoucq cédant sa place à Alice Carabédian) . C'est de Iain Banks qu'il est question dans le dossier de ce numéro, on y apprendra que la Culture n’est pas seulement « ce qui reste quand on a tout oublié ». Dans le Bifrost 114 on pourra lire une jolie nouvelle de Iain Banks, intitulée Descente et située dans l’univers de la Culture (il y a des Orbitales)

Even death may die


"Zorn et Dirna" est une série BD de fantasy en six albums que Soleil vient de ressortir en Intégrale. Superbe occasion pour quelqu’un qui avait snobé la première édition en raison de dessins jugés trop enfantins ; grave erreur que des conseil avisés ont permis de corriger. Car "Zorn et Dirna" n’est absolument pas à mettre entre des mains d’enfant, et c’est tant mieux pour moi.

Un royaume gouverné par un roi si terrifié par la mort qu’il parvint à l’emprisonner magiquement. Plus personne n’y meurt depuis quelques siècles, mais on y vieillit quand même, jusqu’à pourrir « vivant » (comme le Mr Valdemar de Poe). Aucune blessure n’y est assez atroce pour provoquer la délivrance, la souffrance peut donc y être éternelle. Et même la décapitation, seul moyen de « tuer » définitivement un corps, ne fait que transférer l’âme de celui-ci dans le corps du tueur. L’immortalité est une malédiction dont tout un peuple souffre, jusqu’à ce que deux jumeaux au pouvoir surnaturel apportent l’espoir d’un possible repos éternel.

Le scénario de Morvan est une vraie réussite. Doté d’une action trépidante, il met en scène des personnages qui parviennent sans peine à se rendre attachants ou odieux, agrippant le lecteur pour ne le lâcher, à bout de souffle, qu’à la toute fin du récit. Jouant brillamment sur les codes de la fantasy, il met en scène une mère méconnaissable, un père qui finit par le devenir aussi, et des enfants au visages angéliques dont le pouvoir singulier est de donner la mort. Il leur oppose des tueurs sanguinaires et bestiaux, une cour corrompue (au propre comme au figuré) autant qu’il soit possible de l’être (voire un peu plus) sans oublier quelques personnages secondaires fous ou revanchards qui apportent avec eux leur lot d’épreuves pour les héros de l’aventure.

Morvan utilise à merveille les possibilités que lui donnent ses deux postulats de départ : l’impossibilité de mourir et le transfert d’âme. Ces éléments sont au cœur de la dynamique du récit et ils en commandent les nombreux rebondissements. La base magique du monde est autre chose qu’un décor, source de dépaysement, elle sert une histoire qui ne pourrait exister telle quelle dans un monde prosaïque, même truffé de zombies.

Pour ce qui est du ton, soufflant le chaud et le froid, l’histoire promène le lecteur entre effroi et amusement ; au milieu des batailles, des tueries, des tortures insoutenables, surviennent régulièrement des moments très drôles par leur décalage, leur incongruité (il faut avoir vu le barbare trouvant les enfants).

Il y a peu de BD qui réussissent à être vraiment drôles et cocasses (parfois à la limite de l’absurde) sans oublier de contenir un fil narratif cohérent, passionnant et endiablé. C’est le cas ici, comme dans le comic Chew, proximité renforcée par l’accumulation des détails amusants (les taupes messagères par exemple, ou une découpe des animaux qui rappelle Douglas Adams). Mélange rare et de grande qualité.

Les dessins ne sont pas en reste. Le contraste permanent entre éléments de conte de fées et scènes d’abjection enfonce le clou du récit gémellaire. On notera aussi quelques pleines pages vraiment réussies et spectaculaires. C’est très bien fait ; ça sert le point visé.

Zorn et Dirna, Intégrale, Morvan, Bessadi, Lerolle

Commentaires

Efelle a dit…
Pourquoi pas ?
A l'occasion, j'y penserai.
Gromovar a dit…
Bonne surprise pour moi. Vraiment l'ambiance de Chew je trouve.
Acr0 a dit…
Tiens, je ne savais même pas qu'ils avaient sorti une intégrale ! J'ai failli l'offrir à mon filleul (18 ans quand même, hein) mais je me suis rabattue sur Okko. On me l'a conseillé en librairie en disant qu'elle était accessible et très bien construite, chose que tu confirmes amplement :)
Gromovar a dit…
Si tu as l'occasion, c'est vraiment très bon.