Descente - Iain Banks in Bifrost 114

Dans le Bifrost 114 , on trouve un édito dans lequel Olivier Girard – aka THE BOSS – rappelle que, en SF comme ailleurs, un part et un autre arrive. Nécrologies et anniversaires mêlés. Il y rappelle fort justement et pour notre plus grand plaisir que, vainquant le criminel effet de génération, Michael Moorcock et Big Bob Silverberg – les Iguanes de l’Imaginaire – tiennent toujours la rampe. Long live Mike and Bob !! Suivent les rubriques habituelles organisées en actualité et dossier : nouvelles, cahier critique, interview, biographie, analyses, bibliographie exhaustive, philofiction en lieu et place de scientifiction (Roland Lehoucq cédant sa place à Alice Carabédian) . C'est de Iain Banks qu'il est question dans le dossier de ce numéro, on y apprendra que la Culture n’est pas seulement « ce qui reste quand on a tout oublié ». Dans le Bifrost 114 on pourra lire une jolie nouvelle de Iain Banks, intitulée Descente et située dans l’univers de la Culture (il y a des Orbitales)

I've got you under my skin



"Skin Trade" est une novella de George RR Martin (publiée par ActuSF), lauréate du World Fantasy Award 1989, et elle est plutôt réussie. Martin y mêle avec bonheur une histoire dans la tradition du polar noir à un récit de loups-garous.
"Skin Trade" prend place dans une ville américaine en déliquescence. On comprend que son passé industriel, fondée sur les mines et les forges, a vécu. Reste les souvenirs d’une prospérité enfuie ; ça pourrait être Détroit, en plus petit. Une série de meurtres atroces, à laquelle s’intéressent, pour des motifs moins clairs qu’il n’y paraît, un spécialiste du recouvrement de créances et une détective privée, met au jour pour le lecteur les secrets séculaires de la ville, et ramène à la surface une vieille affaire criminelle trop vite enterrée.
Martin utilise de manière fort juste les codes du noir. Deux « privés », deux flics dont un seulement a survécu à une sale affaire, une administration corrompue, et une ville sous la coupe de ce qui ressemble le plus à une aristocratie aux USA : les vieilles familles Upper/Upper Class de la classification de Warner, c’est à dire les familles pouvant justifier d’une antériorité, d’une présence longue et ininterrompue en un lieu, idéalement les descendants des fondateurs du lieu. Fortune, prestige, pouvoir se mêlent dans cette classe dont on peut comprendre l’influence quand on sait le culte que les Américains vouent aux Founding Fathers.
Ca pourrait être Chinatown, mais il y a des loups-garous et ça change tout. Les modes opératoires ainsi que les mobiles des meurtres sont liés à la nature fantastique des victimes et des meurtriers, et même si le lecteur croit comprendre à peu près ce qui se passe, il devra faire face à des rebondissements qui remettent en cause la compréhension qu’il croit avoir de l’affaire (page 134 entre autres). Et, étonnamment, ça fonctionne. Les loups-garous sont une faction secrète qui protège ses intérêts mais qui n’est pas monolithique. Il n’y a pas de complot lycanthrope, ni de réunions récurrentes, ni d’objectifs communs si ce n’est la discrétion et la survie. Martin met dans la bouche de son loup-garou quelques répliques exaspérées qui affirment et démontrent l’individualité de chaque lycanthrope, des répliques que pourraient méditer ceux qui pensent les communautés comme des blocs.
Enquête, mystère, action, rythme échevelé (n’ayons peur de rien), personnages intéressants, "Skin Trade" est d’une lecture très agréable, et rappelle en ramassé les réflexions sur la nature des communautés et leur coexistence brillamment développées dans Riverdream. Au bout de l'intrigue, la novella se termine enfin par une chute ironique et futée. Pour ma part, je suis preneur du tout.
Skin Trade, George RR Martin

Commentaires

Efelle a dit…
J'ai compris ce qu'il me reste à faire : des économies !
Guillmot a dit…
Bientôt in the pocket.