La Cité des marches - Robert Jackson Bennett

Bulikov, la capitale du Continent. Autrefois une ville grande et puissante, le centre du monde. Aujourd’hui une ville conquise, en partie détruite. Rome après Alaric. Kind of. Dans le monde de La Cité des marches , dernier roman traduit en français de Robert Jackson Bennett et premier volume de le trilogie des Cités divines , il y a le Continent et le reste – ce centre-périphérie théorisé au XIV siècle par le grand historien arabe Ibn Khaldoun . Et, comme dans l’analyse de ce dernier, la périphérie a fini par conquérir le centre, en l’occurrence le Continent ; rien d’étonnant, ce n’est qu’à la périphérie que résident la force et la détermination nécessaires à la guerre. Concrètement, c’est une révolte conduite avec succès il y a plusieurs décennies par le Kaj qui a abattu l’empire continental et ses dieux. La chute des uns entrainant celle de l'autre. Car tu dois le savoir, lecteur, le pouvoir sans égal du Continent était le fruit des « miracles » de ses six dieux, incarnés dans le

Genèse de la Louve


L'Histoire anglaise est un vrai plaisir à étudier. Alors qu'en France les choses se sont passées de manière à peu près calme jusqu'à la Révolution, la succession des rois d'Angleterre s'est le plus souvent faite dans le sang et la fureur.
Dans la brève et nouvelle série de Paul Doherty, l'un des auteurs policiers anglais les plus prolifiques du siècle, le lecteur est plongé dans les évènements qui vont conduire à la Guerre de Cent ans ; cette série constituant donc, à quelques décennies près, une préquelle à une autre dont j'avais déjà parlé.
Les deux romans sortis pour l'instant narrent les premières années du mariage entre Edouard II d'Angleterre et Isabelle de France, surnommée "la Louve", fille de Philippe IV le Bel, vues par les yeux de Mathilde de Westminster, suivante et plénipotentiaire d'Isabelle.
L'époque est à la guerre. Philippe le Bel veut imposer sa lignée sur le trône d'Angleterre (et y parviendra avec Edouard III, ce qui causera la guerre) et complote sans cesse contre la perfide Albion, les fils de la reine douairière, soeur de Philippe IV encore, sont une menace dynastique, les grands barons anglais sont en révolte quasi-ouverte contre le roi à qui ils reprochent l'influence de Piers Gaveston, son favori, l'Ecosse entre en rébellion contre la Couronne, la maison royale est ruinée, le pape veut pousser Edouard II à détruire les Templiers dans son royaume, comme Philippe IV l'a fait en France.
Dans ce contexte délicieux, Mathilde de Westminster lutte pour préserver les intérêts d'Isabelle de France et améliorer la position de celle qui n'est pas encore la cruelle politique qu'elle deviendra (qu'on sache seulement qu'elle complotera le meurtre de son propre fils, le futur Edouard III).
Le ton de ces romans est poignant. En effet, c'est une vieille femme, cloitrée, Mathilde à la fin de sa vie, qui livre une longue confession. Elle mêle donc souvent ce qu'elle savait au moment des faits et ce qu'elle a appris par la suite, source de remords sur ce qui aurait pu ou du être mieux accompli, elle pleure les morts dont elle sait les secrets et qui l'ont laissée seule à se souvenir, elle plie sous la fatigue d'une vie trop longue et surtout trop remplie, mais heureusement pour le lecteur, sa parfaite mémoire reconstitue la Londres du début du XIVème siècle avec forces bruits, odeurs, images, ainsi que la folie frénétique de la Cour et la vénéneuse effervescence politique du moment.
Si on aime les romans historiques, difficile de ne pas être touché par cette série.
Précisons pour finir que l'auteur Paul Doherty a fait sa thèse de doctorat d'Histoire sur Edouard II et Isabelle de France.
Le calice des esprits, et Le combat des reines, Paul Doherty

Commentaires

arutha a dit…
Que tout cela est tentant. Et je lui dis quoi à ma PAL ? "Pour ton régime tu attendras ?". Hein ! Je lui dis quoi ?
Gromovar a dit…
Dis-lui qu'elle nous fatigue.
Munin a dit…
Dis-lui que si elle grossit encore un peu, elle pourra servir de pilier de soutènement. Encourage-la !
Le Papou a dit…
J'aime bien les romans historiques ou pseudo. Cadfael, Fidelma ou Katherine Swinbrooke etc. qui m'oblige à faire des recherches. Je note donc ceux-là et en plus je vais me sentir obligé de vérifier si les successions royales françaises se sont passés tranquillement.
Je reviendrai, SDLV
Le Papou
Gromovar a dit…
Revenez.

Avec plaisir.

PS : J'aime bien Fidelma aussi et Swinbrooke aussi, même si ma préférence va à Hugh Corbett.