La Cité des marches - Robert Jackson Bennett

Bulikov, la capitale du Continent. Autrefois une ville grande et puissante, le centre du monde. Aujourd’hui une ville conquise, en partie détruite. Rome après Alaric. Kind of. Dans le monde de La Cité des marches , dernier roman traduit en français de Robert Jackson Bennett et premier volume de le trilogie des Cités divines , il y a le Continent et le reste – ce centre-périphérie théorisé au XIV siècle par le grand historien arabe Ibn Khaldoun . Et, comme dans l’analyse de ce dernier, la périphérie a fini par conquérir le centre, en l’occurrence le Continent ; rien d’étonnant, ce n’est qu’à la périphérie que résident la force et la détermination nécessaires à la guerre. Concrètement, c’est une révolte conduite avec succès il y a plusieurs décennies par le Kaj qui a abattu l’empire continental et ses dieux. La chute des uns entrainant celle de l'autre. Car tu dois le savoir, lecteur, le pouvoir sans égal du Continent était le fruit des « miracles » de ses six dieux, incarnés dans le

Post-mammouth


Intéressante anthologie dans le cadre de la plutôt réussie collection "Mammoth book of..." (qui comprend de très nombreux ouvrages). "Extreme science fiction" regroupe des nouvelles récentes ou (très) anciennes, dans lesquelles les idées science fictuelles sont poussées à l'extrême. Les textes liés au concept de post-humanité sont les plus nombreux, et sont déclinés de nombreuses (et talentueuses) façons. Allons-y pour une présentation de ce qui est lisible dans ce recueil.

Gregory Benford, Anomalies, un texte court, sans grande conséquence mais plutôt drôle, une bonne mise en bouche.

Paul di Filippo, ...And the dish ran away with the spoon, un autre texte drôle et un peu inquiétant sur l'évolution imprévisible des objets communicants, à l'heure où de plus en plus de nos objets communiquent.

Lawrence Person, Crucifixion variations, une nouvelle dans laquelle les tachyons nous permettront (peut-être) de découvrir si la Bible est vraie. Pour le savoir il faudra lire la nouvelle. Ce n'est pas le premier texte sur le thème mais il est plutôt bien traité, je ne peux en dire plus sous peine de déflorer.

Stephen Baxter, The Pacific Mystery, une excellente uchronie pulp avec ce qu'il faut de femmes fatales, de nazis, et de traitres, qui puise dans le registre de la géométrie non-euclidienne et de ses conséquences sur la cartographie.

Flowers from Alice, Cory Doctorow et Charles Stross, les deux étoiles montantes de la SF concoctent une histoire de mariage délirante avec nouvelles formes d'humanité, objets communicants, nouvelles formes de famille, une merveille d'inventivité (décidément Cory Doctorow est un Dieu).

Alastair Reynolds, Merlin's Gun, une histoire un peu longue d'arme ultime. On y retrouve l'idée de voyages et d'opérations militaires durant des millénaires ; aussi celle d'anciens artefacts utilisés par les successeurs de leur créateurs.

Geoffrey A. Landis, The long chase, une autre histoire de poursuite séculaire plus courte et plus futée que la précédente dans laquelle sont posées les questions de l'identité et de la conscience.

Stephen L. Gillet and Jerry Oltion, Waterworld, las post-humains explorent l'univers. Dans ce récit, ils sont soumis à un effroyable supplice de Tantale. Crap !

Robert Reed, Hoop of Benzene, vieux crimes de guerre et problèmes interculturels sur un vaisseau géant peuplé de centaines d'espèces. Une lecture agréable et un délicieux twist final.

B. Vallance, The new humans, une rareté écrite en 1909 et typique de l'époque, entre Lovecraft et pulp. Rien à voir avec ce qui s'écrit aujourd'hui mais nous avons tous le background culturel pour apprécier ces vielles nouvelles.

Theodore Sturgeon, The girl had guts, une nouvelle très Fleuve Noir dans laquelle une planète maudite porteuse d'une bizarrerie biologique tue ceux qui l'explorent et menace même la vie sur Terre. Amusant.

Ian Mc Donald, The days of Solomon Gursky, émouvante Histoire de tout l'Univers de maintenant au Big Crunch, agrémenté d'une histoire d'amour post-humaine qui survit aux éons (même l'amour de Dracula n'a pas duré aussi longtemps). Un beau récit.

Greg Egan, Wang's Carpet, dans l'univers de "Diaspora", des explorateurs post-humains découvrent qu'il est impossible de trancher le débat pour ou contre le solipsisme. Notons que beaucoup des idées de "Diaspora" sont développées dans les nouvelles citées, et le format court démontre leur force sans la sècheresse de la longueur. "Diaspora" en une succession de nouvelles serait sûrement une vraie réussite.

Jerry Oltion, Stuffing
, une amusante nouvelle finale. "Le festin de Babette" chez les post-humains, y compris ses conséquences peu ragoutantes :-)

Seuls ratés à mon sens de ce recueil, de rares nouvelles pompeuses où Dieu et moi nous unissons à l'échelle de l'Univers, et où manquent des personnages. Au final il n'y en a que 5.

Commentaires

El Jc a dit…
Cela m'a l'air assez jubilatoire, merci Gromovar pour cette petite présentation, je m'en vais me le procurer derechef. Bonne journée.