La Cité des marches - Robert Jackson Bennett

Bulikov, la capitale du Continent. Autrefois une ville grande et puissante, le centre du monde. Aujourd’hui une ville conquise, en partie détruite. Rome après Alaric. Kind of. Dans le monde de La Cité des marches , dernier roman traduit en français de Robert Jackson Bennett et premier volume de le trilogie des Cités divines , il y a le Continent et le reste – ce centre-périphérie théorisé au XIV siècle par le grand historien arabe Ibn Khaldoun . Et, comme dans l’analyse de ce dernier, la périphérie a fini par conquérir le centre, en l’occurrence le Continent ; rien d’étonnant, ce n’est qu’à la périphérie que résident la force et la détermination nécessaires à la guerre. Concrètement, c’est une révolte conduite avec succès il y a plusieurs décennies par le Kaj qui a abattu l’empire continental et ses dieux. La chute des uns entrainant celle de l'autre. Car tu dois le savoir, lecteur, le pouvoir sans égal du Continent était le fruit des « miracles » de ses six dieux, incarnés dans le

Dickens on dope


Directement de chez Smith, cette très délectable anthologie steampunk. Pour ceux qui ne connaitraient pas le terme, le steampunk c'est du cyberpunk à vapeur, c'est à dire un XIXème siècle victorien fantasmé dans lequel existent des robots à vapeur, des ordinateurs mécaniques (la fameuse machine de Babbage, incontournable), des machines volantes ou sous-marinantes utilisant des technologies improbables ; en résumé, du romantisme gothique matiné de SF cuivré. L'ouvrage steampunk le plus connu est certainement "The difference engine" de Gibson et Sterling, mais le genre est très prolifique.
12 nouvelles écrites par des auteurs plutôt connus et plutôt compétents, c'est un menu alléchant. Le plat répond aux attentes. Abordons les auteurs qui m'ont le plus convaincus.

James Lovegrove, auteur de l'inénarrable "Days", livre ici une merveille de nouvelle sur le monde de la "boxe", que Dickens n'aurait pas reniée pour son style gouailleur et cockney.

Kage Baker : une histoire à la James Bond sur la mise en place du cable télégraphique transatlantique et la crainte qu'elle a suscité. Drôle et cruelle.

Ian R. MacLeod : il prouve ici encore une fois qu'il écrit divinement bien et qu'il est un maitre pour décrire les changements sociaux et la nostalgie fataliste qui les accompagne. Il émeut comme peu d'auteurs savent le faire avec une histoire qui évoque son précédent roman "L'âge des lumières". Certainement la plus grande intensité émotionnelle du recueil.

Margo Lanagan : une nouvelle féministe de pétroleuse, drôle, méchante, immorale et innovante. Un petit bijou prenant place dans le bush australien (qui était encore plus isolé qu'il ne l'est aujourd'hui).

James Morrow : le bien nommé pour un récit à la "Ile du Dr Moreau". Féministe aussi mais d'un féminisme déjanté et extrême. Evolutionniste et scientiste comme ont pu l'être les romans de Mary Shelley par exemple. Parfaitement dans l'esprit du XIXème.

Keith Brooke : encore une histoire évoquant Mary Shelley et l'omnipotence rêvée des biologistes victoriens. On notera une fin ironique à la Réanimator.

Robert Reed : un récit situé aux Etats-Unis dans lequel un robot créé pour imiter Abraham Lincoln devient shérif dans une ville de western et vit une situation rappelant "Le train sifflera trois fois". Certainement le récit le plus original à l'intérieur de la veine steampunk par son contexte et ses personnages.

Le reste m'a un peu moins convaincu, sans être toutefois déplaisant à lire (en particulier "Static" de Marly Youmans est très plaisamment dickensien aussi, même si j'ai trouvé la fin un peu légère).
Au final, une belle collection représentative de la richesse du style.
Extraordinary engines, Anthologie

Commentaires

Anonyme a dit…
Une anthologie qui semble bien appétissante.
Gromovar a dit…
Elle l'est :-)