Les Bonbons d'Halloween - Michael McDowell

Fidèle à sa politique de vulgarisation de l'œuvre de Michael 'Blackwater' McDowell, Monsieur Toussaint Louverture propose encore une nouvelle gratuite à télécharger jusqu'au 6 mai 2024. Alors, presse-toi lecteur ! Les Bonbons d'Halloween est un texte basé sur le scénario de l'épisode 28 de la série Tales from the Darkside , diffusé pour la première fois en 1985. On y lit un récit qui a le caractère self-contained de ces petits épisodes fantastiques qu'on aime regarder à la télévision, un récit qui se conclut sur une chute assez imprévue pour être excitante. Les Bonbons d'Halloween , c'est l'histoire d'un très désagréable Scrooge américain qui n'aime rien ni personne et prend un malin plaisir à ne pas satisfaire les enfants d'Halloween qui viennent frapper à sa porte pour obtenir des bonbons. Mais tout à son atrabile, Killup, le sale bonhomme au centre du récit, a oublié que les enfants d'Halloween n'expriment pas une simpl

Cheers !


"Un art moyen" de Pierre Bourdieu est un livre paru en 1965. C'est l'un des premiers grands livres de Bourdieu, mais ce n'est pas le plus connu. Et pourtant, tout ce qui va en faire l'un des plus grands, sinon le plus grand, sociologue de France est déjà là, entre les pages.
On étudie ici la photographie, sa pratique, les jugements esthétiquers qui sont portés dessus. Il y est question aussi du rapport compliqué qu'elle entretient avec les autres arts et en particulier avec la peinture.
Bourdieu part d'un constat simple. La pratique photographique est largement répandue, au point de paraitre naturelle, et elle ne fait l'objet, en général, d'aucune éducation volontaire. Et pourtant, les pratiques et les goûts photographiques sont très marqués socialement. De plus, le jugement sur la photographie est toujours teinté de fonctionnalisme et dépendant de l'éthos de classe. Le jugement "C'est une belle photo" dépend de la classe sociale et de la position de l'interviewé dans sa classe, les occasions pour lesquelles il est normal de prendre des photos aussi, le matériel nécessaire pour ce faire également. C'est ici les théories de l'habitus, de sa transmission familiale médiatisée par les postures corporelles et les inflexions de voix et de mots, de son hystèrese en cas de déplacement dans l'espace social, qui s'esquissent ici. Mais ici Bourdieu ne théorise pas. Il ne pose jamais de manière explicite ses conclusions. Elles ne sont que le filigrane visible derrière les descriptions et analyses. Dans "un art moyen" la théorie bourdieusienne de l'habitus est informe, en maturation, comme en attendant de naître. C'est donc un ouvrage indispensable pour tout amoureux de sociologie, à fortiori pour tout amateur de Bourdieu. Il est l'une des premières pierres sur laquelle va se batir l'oeuvre, et elle est indispensable à la compréhension de l'ensemble. Les parties non écrites par Bourdieu sont plus datées et dispensables mais il n'y a que du beau monde : Luc Boltansky, Robert Castel, Dominique Schnapper entre autres.
Un art moyen, Pierre Bourdieu

Commentaires

Nolt a dit…
Je tente de rebondir sur cet article, un peu en tant que candide, voire idiot de village (j’avoue néanmoins, par honnêteté, que j’habite dans une ville).

Ce qui m’étonne le plus (mais peut-être faut-il remettre le tout dans le contexte des années 60 ?), ce n’est pas tant que les occasions de photographier, ou même le matériel avec lequel l’on photographie, puissent dépendre de la condition sociale mais plutôt que le rapport au « beau » soit aussi vulgairement associé à l’argent (finalement plus que l’apprentissage car la classe sociale ne détermine pas forcément le degré d’érudition de l’individu).
Mais admettons même que position sociale élevée et connaissance se confondent, il n’en reste pas moins une drôle d’association.
Il y aurait une beauté du pauvre (ou du crétin) et une beauté, implicitement plus « belle », du riche ou de l’être pensant et intelligent ?
C’est alors tout un rapport à l’art qui serait dévoyé.
Car, la photographie, comme la peinture, la littérature, le cinéma ou la bande dessinée, s’adressent certes à l’esprit mais aussi au cœur de l’individu.

Comprendre est essentiel, il serait vain de le nier, mais ressentir n’en reste pas moins un pont, bien réel, entre une œuvre et le lecteur/spectateur.
Que le « beau » puisse être déterminé par l’appartenance à une classe sociale, cela me navre. Pire, cela me désespère, car, ce jugement, subjectif par nature, devrait être ce qu’il y a de plus libre, de plus sauvage, de moins quantifiable au monde ! Nous faudra-t-il, bientôt, par le biais des études sociologiques, admettre que le couillon moyen tombe plus facilement amoureux des rousses ? Ou des blondes ?
La beauté d’une photo, d’un visage, d’une peinture, d’un paysage, ne dépend pas d’une soi-disant appartenance à une classe ou une catégorie. Elle dépend d’un vécu, d’une sensibilité, d’une histoire, de mille choses qui font que, jamais, une même image ne sera reflétée de manière égale dans les yeux de deux personnes. Et encore moins dans leurs esprits.
Certains autistes, par exemple, ont une grande sensibilité artistique, ils réagissent de manière très violente aux images, aux photos, eux-mêmes arrivent parfois à créer des œuvres ahurissantes (de précision ou de complexité). Dans quelle classe les « ranger » ?

A mon très humble niveau, il m’arrive d’écrire. Et lorsque je suis publié, je m’adresse autant au type soignant ses vaches en Ardèche ou en Meuse qu’à l’érudit parisien (ou au trou du cul parisient, finalement plus courant). Parce que l’art, donc le « beau », est, par nature, transversal.
Moi, par exemple, je trouve que la Joconde, c’est immonde, je voudrais même pas de l’original dans mes chiottes. Cela ne m’empêche pas d’être ému par Verlaine, fasciné par Racine, époustouflé par Lejeune, tenu en haleine par King, ou scotché par Friedlandler pour en revenir à l’impact visuel.
C’est un mélange de neurones, de couilles et de ce petit quelque chose que l’on ne peut classer nulle part. Le Beau n’appartient à personne. Il doit se défier des classes et se méfier des modes. Et ne jamais être pesé par les sociologues. Car c'est un poids qui n'appartient qu'à l'âme.

Bon, je sais, pour un simple idiot de village, qui habite dans une ville en plus, je vais trop loin.
Mais justement.
Imaginez ce qu’un type intelligent aurait pu dire à ma place...
Aigo a dit…
Magnifique cri du coeur, Neault!
mais j'essaierais ici de te rassurer:

La sociologie ne prétend pas que les hommes prisonniers de leur condition. Je ne sais pas pour le livre dont il est question ici, mais Bourdieu insiste sur cet aspect dans un autre de ses livres, "la domination masculine".

La sociologie étudie des tendances auxquelles n'échappent ni le peuple ni les élites. Chacun, comme individu, est à la fois l'objet des pressions sociales et un être humain libre capable de s'arracher à sa condition et aux déterminants sociologiques, de devenir lui-même, grâce à son vécu, à sa volonté, à son âme.

Tu l'exprime toi-même très bien:
"La beauté d’une photo, d’un visage, d’une peinture, d’un paysage, ne dépend pas d’une soi-disant appartenance à une classe ou une catégorie. Elle dépend d’un vécu, d’une sensibilité, d’une histoire, de mille choses qui font que, jamais, une même image ne sera reflétée de manière égale dans les yeux de deux personnes. Et encore moins dans leurs esprits."

Un vécu, une histoire: la sociologie s'intéresse avant tout à ces aspects. Car ceux qui appartiennent à une classe ou une catégorie ont souvent dû faire face à des histoires semblables, voilà réalité sociologique. Ces aspects pèsent, mais n'enlèvent aucune liberté aux individus, et n'affecte en rien la part d'inné (indéterminable) qui fait les individus. À la fin, il reste toujours un choix et une individualité.
Gromovar a dit…
Ce que nous enseigne la sociologie, c'est l'humilité (en tout cas c'est la première leçon que j'en ai tiré). La plupart des choses que nous croyons tellement personnelles sont décrites avec précision dans des ouvrages dont les auteurs sont des personnes que nous n'avons pourtant jamais croisées (et ça s'applique à tous les domaines, y compris les activités sexuelles). La marge de liberté existe mais elle est petite, quoiqu'en pensent les libéraux.
La différence entre les sociologues et les psychologues c'est que les sociologues ne cherchent jamais à savoir pourquoi untel à fait telle chose. Ca c'est la marge de liberté et d'imprévisibilité de la personne humaine. Mais ce qui est mesurable et explicable c'est pourquoi en majorité les hommes font plus telle chose que les femmes, ou pourquoi les pauvres font plus souvent telle chose que les riches. Par exemple ce que montre Bourdieu c'est que les classes populaires ont un habitus qui se caractérise par le goût (imposé) de ce qui est nécessaire car le luxueux n'est pas accessible. Aussi toute photo est jugée à l'aune de son utilité possible. Si elle montre la famille réunie, ou des images de vacances qui sont des éléments probants de la réalité du voyage et de son impoortance, alors c'est "une bonne photo", car elle sert à quelque chose. En revanche, toute photo dont la finalité strictement utile n'est pas perceptible est considérée comme un gachis de pellicule (on est avant le numérique). L'art s'adresse au coeur mais il passe le filtre de la raison ; certains ne peuvent regarder une photo d'une belle femme car il la juge luxurieuse.
Je ne crois pas qu'on ressente hors de tout cadre de référence.