La Cité des marches - Robert Jackson Bennett

Bulikov, la capitale du Continent. Autrefois une ville grande et puissante, le centre du monde. Aujourd’hui une ville conquise, en partie détruite. Rome après Alaric. Kind of. Dans le monde de La Cité des marches , dernier roman traduit en français de Robert Jackson Bennett et premier volume de le trilogie des Cités divines , il y a le Continent et le reste – ce centre-périphérie théorisé au XIV siècle par le grand historien arabe Ibn Khaldoun . Et, comme dans l’analyse de ce dernier, la périphérie a fini par conquérir le centre, en l’occurrence le Continent ; rien d’étonnant, ce n’est qu’à la périphérie que résident la force et la détermination nécessaires à la guerre. Concrètement, c’est une révolte conduite avec succès il y a plusieurs décennies par le Kaj qui a abattu l’empire continental et ses dieux. La chute des uns entrainant celle de l'autre. Car tu dois le savoir, lecteur, le pouvoir sans égal du Continent était le fruit des « miracles » de ses six dieux, incarnés dans le

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Je viens de terminer "Predictably Irrational" de Dan Ariely et je vois que sa version française est disponible pour le plaisir de tous. Dan Ariely est chercheur en économie comportementale au MIT. Il est associé à d'autres institutions de recherche, et son livre est chaudement recommandé par Daniel McFadden et Georges Akerlof, deux prix Nobel d'économie. On peut avoir moins belle carte de visite. Je confirme que c'est un livre à la fois éclairant par sa profondeur d'analyse et très agréable à lire par le ton convivial employé (Ariely explique d'ailleurs qu'il a retravaillé son texte avec un auteur pour lui enlever son caractère universitaire).
La grande affaire du livre d'Ariely est de montrer que le postulat de base de l'économie classique, à savoir la rationalité des acteurs, est souvent prise en défaut et que, de ce fait, les acteurs (vous et moi) prennent régulièrement des décisions qui sont sous-efficientes. Simon avait déjà expliqué dès les années 50 que la rationalité n'est au mieux que limitée, mais Ariely va plus loin. Il démontre l'irrationalité de nombre de nos comportements. Mais il prouve dans le même mouvement qu'irrationalité n'est pas hasard. Les acteurs ne tirent pas aux dés leurs décisions. Celles-ci sont reproductibles et cohérentes. Elles obéissent donc à des règles qui sont identifiables et semblent irrationnelles uniquement au regard de la rationalité multi-critériée de l'homo economicus. Ildentifier ces règles permettrait d'améliorer l'efficience des décisions prises quotidiennement.
A l'aide de multiples expériences réalisées la plupart du temps sur les malheureux étudiants du MIT ou de Harvard il montre l'influence, très significative sur nos comportements, de la relativité, de la première impression, de la gratuité, de l'arbitrage communauté/marché, du sentiment de propriété, des anticipations, de l'excitation sexuelle (et oui ;-); il teste les causes et effets de la procrastination (TiberiX adore), de l'effet placebo, des normes morales, etc...
Et, des lois qu'il met en évidence, il tire des suggestions de prescriptions utiles en marketing, en politiques publiques (notamment de santé et d'épargne), en administration d'entreprise, et même sur un plan personnel. Il montre comment, souvent, les règles communautaires sont plus efficaces que les échanges marchands.
Ce qui est séduisant dans ces prescriptions est l'affirmation plusieurs fois répétée que l'économie comportementale essaie de traiter les humains tels qu'ils sont, et non tels qu'ils devraient être, et ainsi à plus de chances de tomber juste. Ce qui est beau à voir, c'est cet ensemble de lois mises en évidence qui nous en apprennent plus sur le comportement humain. Un vrai plaisir de lecture.
VF : C'est (vraiment) moi qui décide ?, Dan Ariely
VO : Predictably Irrational, Dan Ariely

Commentaires

tiberix a dit…
Je vais y jeter un oeil intéressé !

Ne faudrait-il d'ailleurs pas se mettre à essayer de démontrer quelle part de rationalité subsiste chez l'homo economicus, plutôt que de toujours se référer à ce postulat porté en sautoir, comme la base de toute réflexion sérieuse concernant l'économie ?

A partir d'aujourd'hui je pense d'ailleurs me contenter de glousser ironiquement quand on me parlera de rationalité économique. A moins qu'un économiste de renom ne capture et ne dissèque un homo economicus, en publiant le tout sur Youtube.
Gromovar a dit…
Il explique bien pourquoi je tiens ce blog pour pas un rond alors que je le ferais pas pour 10 €.
A+
Celvec a dit…
Après lecture des 100 premieres pages, domine en moi un sentiment d'effroi mêlé d'un certain fatalisme devant la triste vérité. C'est réellement ça je crois. On se dit "Mais oui ! Mince ! il a raison !".

Dommage que l'auteur ne montre plus qu'il n'explique, mais le tout reste une énième très bonne lecture. Merci.
Gromovar a dit…
HS : Félicitations pour votre diplôme.