Horizons obliques - Richard Blake

Sortie demain de Horizons obliques , un one-shot SF de Richard Blake. Il y a des années que Jacob et Elena Armlen se sont perdus dans une dimension parallèle qu'ils tentaient de cartographier. Depuis aussi longtemps Adley, leur fille, veut les retrouver. Après un long entrainement elle part donc en quête de parents depuis trop longtemps absents, à travers des mondes incroyables, avec l'aide de ses grands-parents, d'un impressionnant appareillage technologique de voyage transdimensionnel, de ses dons de prescience, et d'un robot humanoïde nommé Staden. Si le scénario, plutôt contemplatif, pourra désarçonner certains lecteurs, on ne peut qu'être impressionné par la beauté envoutante des planches réalisées intégralement par un auteur qui est peintre avant d'être bédéaste (et dont c'est le premier album) . Dès la première page représentant un rêve d'Adley portant un ours polaire sur son dos on est saisi par le style et la qualité graphique de l'album. L&

Perdido Street Station


Chose promise, chose due... Parmi les auteurs atypiques que j’ai découvert avec un vrai bonheur d’enfant l'an dernier, il y eut China Miéville.

Quand on lit beaucoup et depuis longtemps, forcément on finit par involontairement se blaser, noyés que nous sommes par un brouet toujours identique, qui navigue au milieu de quatre ou cinq thèmes bien convenus. Alors certes, tous les dix ans un météoritique William Gibson apparaît et re-féconde l’imaginaire littéraire, avec pour effet louable de nous surprendre à nouveau par un univers ressemblant à un vaste champ de poudreuse vierge de toute trace (je dis cela essentiellement pour ceux qui prendraient la peine de nous lire du haut des pistes, les autres me pardonneront). L’effet néfaste est bien entendu, que pendant les dix années suivantes une cohorte croissante de clones plus ou moins bien finis, vont s’évertuer à tracer cette belle étendue virginale, de leur production tiède, naviguant péniblement entre le médiocre et le drôlatiquement mauvais. A la fin, le site est engoncé par plusieurs brettelles d’autoroutes, plusieurs parkings payants et des baraques à frites.

Du coup quand la météore décennale arrive, on se trouve encore plus surpris quand on en vient à constater qu’a priori personne ne va arriver à le plagier, tellement son univers est excentrique et disons-le, complètement barré. C’en est au point qu’une lecture cursive du quatrième de couverture devrait instantanément vous faire reposer l’ouvrage sur l’étal du libraire, avec le même sentiment de vague malaise qui peut saisir quelqu’un qui aurait par erreur jeté un oeil curieux sur le résumé d’un roman de Ron Hubbard. Et il est vrai qu’il faut avoir du cran pour entreprendre la lecture de deux tomes (les livres de plus de 600 pages sont toujours scindés en plusieurs tomes pour le lecteur Français, qui selon les éditeurs fatiguerait vite des yeux, ou des bras) sur un sujet aussi improbable que la Nouvelle-Crobuzon. Oui, le personnage central est avant tout une ville, peuplée de quelques figures que nous allons suivre de près, mais qui ne semblent être que des dommages collatéraux de l’histoire de la mégapole.

Et je reviens au propos central de cette petite revue, où je vais m’abstenir déflorer quoi que ce soit : armez-vous d’un peu de foi en monsieur Miéville et entreprenez le voyage. Vous allez être un peu irrité dans les premières pages en entendant parler d’hommes batraciens, de femme scarabée, de milices masquées, de robots à vapeur, d'araignées géantes multidimensionnelles, de vampires, de prisonniés recréés par fusion avec des morceux d'animaux ou de machines, d’hommes cactus (sic)… Et pourquoi pas d’hommes oiseaux ? Je vous rassure ils ne sont pas oubliés, loin de là.

Et puis la magie opère, vous venez de plonger dans une ville immense, grouillante de personnages improbables mais éminemment cohérents, se croisant dans des myriades de factions, d’interactions faites de nécessité et de vénalité, de concupiscence et de mystère. Un croisement à grande vitesse d'un Jérôme Bosch punk et du David Lynch de Blue Velvet !

L’histoire est assez longue, en regard des événements relatés, ce qui démarque le style de l’auteur d’un scénario des Experts. Mais cela ne doit pas être une source d’ennui puisque l’histoire sert surtout à mettre en valeur cette ville dans un monde de Steam Fantasy désabusé, où la moindre venelle regorge de choses à raconter.

Je suis devenu dépendant en trente minutes de lecture, et c’est assez rare pour le dire. L’univers de China Miéville s’impose réellement comme un de ces endroits que l’on sait possible ailleurs et que l’on peut croire avoir déjà visité. Fascinant. Malheureusement (ou pas) seul cet auteur à la clef de cet univers, et il ne produit pas assez à mon goût. Ces deux autres romans sont tout aussi remarquables, mais Perdido Street Station est pour l’instant sa pièce maîtresse.

China Miéville, Perdido Street Station

Commentaires

Gromovar a dit…
Gromovar n'aime pas China Mieville. C'est trop subtil pour lui.
Anonyme a dit…
"Jérôme Bosch punk" Bien trouvé, c'est un peu comme ça que j'ai ressenti aussi l'univers de cette ville.
Munin a dit…
Tiens j'étais passé à côté de ce billet à l'époque. Très belle critique ! Et opinion que je partage également. :-)
Gromovar a dit…
Perdido street station est le péché mignon de TiberiX.
tiberix a dit…
Du coup je vais devoir lire River of Gods, si j'ai bien suivi ? _^
Gromovar a dit…
Ce me semble :-)