Descente - Iain Banks in Bifrost 114

Dans le Bifrost 114 , on trouve un édito dans lequel Olivier Girard – aka THE BOSS – rappelle que, en SF comme ailleurs, un part et un autre arrive. Nécrologies et anniversaires mêlés. Il y rappelle fort justement et pour notre plus grand plaisir que, vainquant le criminel effet de génération, Michael Moorcock et Big Bob Silverberg – les Iguanes de l’Imaginaire – tiennent toujours la rampe. Long live Mike and Bob !! Suivent les rubriques habituelles organisées en actualité et dossier : nouvelles, cahier critique, interview, biographie, analyses, bibliographie exhaustive, philofiction en lieu et place de scientifiction (Roland Lehoucq cédant sa place à Alice Carabédian) . C'est de Iain Banks qu'il est question dans le dossier de ce numéro, on y apprendra que la Culture n’est pas seulement « ce qui reste quand on a tout oublié ». Dans le Bifrost 114 on pourra lire une jolie nouvelle de Iain Banks, intitulée Descente et située dans l’univers de la Culture (il y a des Orbitales)

Transhumanité et trous de vers

Ayant sagement laissé la jouissance du centième post à Gromovar, je vais vous parler de DIASPORA de Greg EGAN. Dans la mesure où je respecte son sacerdoce l’empêchant de vous raconter réellement de quoi il s’agit, laissez-moi en contre-partie vous posez quelques questions...

Vous avez peur de la “hard” science fiction, où un un écrivain astrophycien ou informaticien risque de vous dépeindre une société dans laquelle les humains ont encapsulé leur conscience dans des robots Gleisner indestructibles ? Où une autre partie de l’humanité c’est totalement virtualisée dans des banques de données redondantes, uniquement préoccupée par la recherche mathématique fondamentale ? Et où enfin une dernière portion transhumaine est restée dans des os et de la chair, mais en manipulant son génome au besoin pour s’adapter à n’importe quel biotope, tout en modelant son système nerveux pour comprendre intuitivement la mécanique quantique et la théorie des cordes ?

La question de savoir si ces transhumains deviennent extraterrestres les uns envers les autres vous indiffère ? Tout comme le fait de savoir si ces différentes factions peuvent encore communiquer entre elles autour de concepts qui nous semblent évidents ? Ou qu’est-ce qui détermine encore votre personne quand vous pouvez décider de changer vos processus cognitifs à la volée ? A quelle vitesse choisissez-vous de vivre quand vous êtes un programme qui va survivre jusqu’au Big Crunch final ?

Prenez alors le risque de lire le premier chapitre de diaspora où le citoyen orphelin Yatima naît dans le Konishi poli. Vous allez alors basculer dans un univers où la précision lumineuse de la neuroscience et de l’informatique se déploient sans entrave, dans une logique absolue, pour envoyer valser dans des mondes étrangers. Tant pis pour vous, le mal sera fait et passé le troisième chapitre, la problématique des vagues gravitationnelles sera pour vous devenu passionnante.

Et l’ensemble est un tour de force du même genre.

Ce n’est pas gratuit car il y a de surcroît, se surprendrait-on presque à dire, une histoire. Elle se déroule sur des millénaires et présente comment les trois branches de l’humanité divergentes, vont devoir affronter un problème cosmique d’anomalie de spin gravitationnel dans les systèmes d’étoiles doubles. Et oui forcément. Dans le contexte qui nous occupe, les héros n’ont pas vingt-quatre heures pour échapper à un contrat que le mafioso local a mis sur leur tête après un lap-dance qui aurait mal tourné.

Diaspora est une porte vers ce qui est probablement la quintessence de la SF. Une grosse baffe dans nos référentiels habituels. La barrière d’entrée n’est pas élevé, mais si vous n’avez jamais tiqué en regardant Star Wars parce que les vaisseaux se déplacent grâce à des turbines qui font “vrooooir”, ce qui dans l’espace est une double imbécilité, alors il vaudra peut être mieux passer votre chemin.

La prochaine fois, et dans un autre genre, nous parlerons probablement de China Miéville, de la Nouvelle-Crobuzon et de l’amour avec une femme-scarabée. En attendant soyez sages. Diaspora, Greg Egan

Commentaires

Gromovar a dit…
Bienvenue à Jean Tibéri !
Quand j'apprends qu'il existe un roman dans lequel "les trois branches de l’humanité divergentes, vont devoir affronter un problème cosmique d’anomalie de spin gravitationnel dans les systèmes d’étoiles doubles", je veux le lire. Heureusement il me l'a offert :-)
Je l'ajoute donc sur ma pile d'où j'enlève à l'instant Saturnalia (si certains d'entre vous veulent savoir, sans le lire, qui a tué Quintus Cécilius Metellus Céler, qu'ils m'écrivent) ; elle ne baissera jamais cette foutue pile.
Blague à part, Greg Egan est quelqu'un de réellement étonnant par sa manière de pousser à l'extrême la logique d'une innovation scientifique. Si certains de nos bons lecteurs craignent de se lancer dans un roman, ses deux recueils Radieux et Axiomatique sont tout aussi excellents.