Espèce invasive - Christophe Esnault

Sortie chez Milagro Editions d’un petit opuscule qui, comme on dit, ne donne pas envie de danser, Espèce invasive , du poète Christophe Esnault. Quoique… Où mieux danser que sur le volcan ? Une espèce invasive, si on en croit la définition que donne le Muséum d’histoire naturelle est « une espèce vivante dont la prolifération provoque des dégâts dans le milieu dans lequel elles s’installent » . Le Ministère de la transition écologique etc. est plus explicite, précisant que « ces espèces représentent une menace pour les espèces locales, car elles accaparent une part trop importante des ressources (espace, lumière, ressources alimentaires, habitat…) dont les autres espèces ont besoin pour survivre. Elles peuvent aussi être prédatrices directes des espèces locales. » et « sont aujourd’hui considérées comme l’une des principales menaces pour la biodiversité. Elles constituent un danger pour environ un tiers des espèces terrestres et ont contribué à près de la moitié des extinctions connue

Le désert des tartares, sauce Kafka


Décidément beaucoup de belles choses sortent en BD. Le développement du marché a pour effet une augmentation du nombre d'oeuvres de qualité, même si leur pourcentage reste stable.
Voici donc un album adapté d'une nouvelle de Kafka, polémique à l'époque (aujourd'hui qui sait encore qu'il exista quelqu'un qui s'appelait Kafka), "La colonie pénitentiaire".
La dite nouvelle est une dénonciation d'une idéologie inhumaine absurdement acceptée et une manifestation éclatante de ritualisme bureaucratique. Elle met en scène un technocrate confit dans l'huile qui applique sans état d'âme une sanction cruelle qui n'a plus lieu d'être. Elle montre comment un monde mort peut perdurer tant que ceux qui le portent en eux sont présents. Elle prophétise l'inhumanité de la Grande Guerre, et l'homme soumis à la machine de métal et détruit par elle. Elle évoque "Le déset des tartares" de Buzatti avec son pauvre personnage de dernier rempart contre la barbarie (l'antienne de l'extrême droite toujours et partout, avec le mépris de l'humanité), elle évoque les ouvriers attachés aux machines qui les dévorent dans "L'écume des jours" de Vian, elle évoque l'idéologie des officiers prussiens qui espéraient se couvrir de gloire en 14.
L'adaptation est excellente, alors ne boudez pas votre plaisir.
Dans la colonie pénitentiaire, Ricard et Maël

Commentaires

Anonyme a dit…
"Il voulait faire Proust, mais il a fait Kafka". Sacré Perec!
Anonyme a dit…
Malgré l'inflation, la BD, c'est quand même le moyen ultime de se maîtriser un champ culturel vite fait bien fait.

Pour lire l'essentiel de la littérature, à raison de plusieurs jours par roman, il faut quelques dizaines d'années.

Pour être cinéphile, ça va déjà plus vite puisqu'un film est vu en 2h en moyenne.

Un album musical, entre 50 et 70 minutes.

Une BD, sauf exception, moins de 45 mn (d'où d'ailleur sma réticence devant les prix prohibitifs généralement pratiqués).

Moralité : il est plus facile de briller dans BôDô, Technikart ou les Inrocks que dans la Qunzaine littéraire.

C'est ce qu'on appelle un PAHVA.